Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Somno refectis artubus

bsb00056557_00075.jpg

Somno reféctis ártubus,
Spreto cubíli, súrgimus:
Nobis, Pater, canéntibus
Adésse te depóscimus.

Tandis que le sommeil, réparant la nature,
Tient enchaînés le travail et le bruit,
Nous rompons ses liens, ô clarté toujours pure,
Pour te louer dans la profonde nuit.

Te lingua primum cóncinat,
Te mentis ardor ámbiat:
Ut áctuum sequéntium
Tu, Sancte, sis exórdium.

Que dès notre réveil notre voix te bénisse ;
Qu'à te chercher notre cœur empressé
T'offre ses premiers vœux ; et que par toi finisse
Le jour par toi saintement commencé.

Cedant ténebræ lúmini,
Et nox diúrno síderi,
Ut culpa, quam nox íntulit,
Lucis labáscat múnere.

L'astre dont la présence écarte la nuit sombre
Vendra bientôt recommencer son tour :
O vous, noirs ennemis qui vous glissez dans l'ombre,
Disparaissez à l'approche du jour.

Precámur iídem súpplices,
Noxas ut omnes ámputes,
Et ore te canéntium
Laudéris omni témpore.

Nous t'implorons, Seigneur ; tes bontés sont nos armes :
De tout péché rends-nous purs à tes yeux ;
Fais que t'ayant chanté dans ce séjour de larmes,
Nous te chantions dans le repos des cieux.

Præsta, Pater piíssime,
Patríque compar Únice,
Cum Spíritu Paráclito
Regnans per omne sǽculum. Amen.

Exauce, Père saint, notre ardente prière,
Verbe son fils, Esprit leur nœud divin,
Dieu qui, tout éclatant de ta propre lumière,
Règnes au ciel sans principe et sans fin. Amen.

Hymne des matines du lundi, traduction-adaptation de Jean Racine.

Ci-dessus, la première page des matines du lundi dans un bréviaire de 1495 conservé à la Bibliothèque d’Etat de Bavière sous le titre « Psalmi, hymni ... cum pulchris picturis ».

Ci-dessous, extrait de l’édition des hymnes traduites par Racine par la Compagnie typographique, en 1985. Réalisation de l'imprimeur Robert Blanchet, seul possesseur des caractères Augustaux provenant de l'imprimeur lyonnais Louis Perrin. Tirage limité à XXV + 88 exemplaires sur papier d'Auvergne à la main de Richard-de-Bas.

1214247008-2.jpg

Commentaires

  • Racine prive quand même les non-latinistes du beau début :

    Nos quatre membres tout refaits
    Par un sommeil roborifique,
    Et notre lit bien replié,
    Nous chantons et te supplions:
    D'être là, présent avec nous !

    Il n'est aucunement question de chaînes, de liens, ni d'ailleurs de clarté ou de profonde nuit !

  • Décidément ce Racine ne passe pas : c'est un traître, plus qu'il n'est permis à un traducteur. Dans les deux derniers vers avant la doxologie, il introduit une vallée de larmes et un repos des cieux comme s'il fallait absolument une punition et une récompense, là où les vers ne parlent que de chanter et louer... Peut-être aussi que tout simplement il bâcle son travail à coup de chevilles et de rimes convenues...

  • Il y a aussi le jansénisme...

  • Je ne vois rien d'hérétique dans la traduction-trahison de ce coquin de Racine, qui fut au jansénisme ce qu'Henri IV fut au protestantisme.

    "Peut-être aussi que tout simplement il bâcle son travail à coup de chevilles et de rimes convenues..."
    Mouais. Le déboulonnage des statues, façon Black lives matter, fait des ravages, à ce que je vois. N'étant guère spécialiste de Racine, j'attends qu'on s'en prenne aux "chevilles" de Painted Plates et d'Une saison en enfer et aux rimes convenues du Dormeur du val ou de Voyelles. Vous me direz qu'Ernest Hello, avec son génie, n'avait aucun scrupule à traîner La Fontaine dans la boue...

  • Moi non plus je n'y vois rien d'hérétique: je ne mettrais pas quelque chose d'hérétique dans ma note liturgique quotidienne. Je voulais seulement dire qu'on peut voir une influence du jansénisme (pas forcément hérétique) de Racine dans le fait d'introduire le jugement dans un texte où il ne figure pas.

  • je parle de travail (peut-être) bâclé tellement la qualité des vers est médiocre à côté des vers de ses tragédies (que je ne déboulonne pas)
    Le Dormeur du Val est une parodie (des vers à la Hugo, Lamartine, etc) : "(O) Nature, berce-le..."). Ce n'est pas la faute de Rimbaud si les lecteurs le prennent au premier degré.

  • Le frais cresson bleu et les haillons d'argent des herbes folles sont au jour comme la nuit et à l'or du soir qui tombe ce que Bagatelles ou Rigodon sont à Femmes et à Portrait du joueur.

  • "L'or du soir qui tombe" est ce qu'il y a de moins bien dans DEMAIN DES L'AUBE. Je préfère "Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur". Mais d'accord pour préférer Céline à Sollers (Cela dit, je préfère VOYAGE à la suite, où il en fait toujours un peu trop)

Les commentaires sont fermés.