Fuit vir unus de Ramáthaimsophim, de monte Ephraim. Potest hujus montis nómine, beatíssima semper Virgo María, Dei Génetrix, designári. Mons quippe fuit, quæ omnem eléctæ creatúræ altitúdinem, electiónis suæ dignitáte, transcéndit. An non mons sublímis María, quæ, ut ad conceptiónem ætérni Verbi pertíngeret, meritérum vérticem, supra omnes Angelórum choros, usque ad sólium deitátis eréxit? Huius enim montis præcellentíssimam dignitátem Isaías vatícinans, ait : Erit in novíssimis diébus præparátus mons domus Dómini in vértice móntium. Mons quippe in vértice móntium fuit, quia altitúdo Maríæ supra omnes Sanctos refúlsit.
« Il y avait un homme de Ramáthaimsophim, de la montagne d’Ephraïm. » Le nom de cette montagne peut désigner la toute bienheureuse Marie, toujours vierge, Mère de Dieu. Car elle fut une montagne, elle qui, par la dignité de son élection, dépasse toute créature élue si grande soit-elle. Et Marie ne fut-elle pas une très haute montagne, elle qui a dressé une cime de mérites par-dessus tous les chœurs des anges jusqu’au trône de la divinité et parvient ainsi à concevoir le Verbe éternel ? En effet, prophétisant la suréminente dignité de cette montagne, Isaïe dit : « Il arrivera dans l’avenir que la montagne qui porte la maison du Seigneur sera placée au sommet des montagnes. » Mais oui, elle fut une montagne placée au sommet des montagnes, car la grandeur de Marie resplendit au-dessus de tous les saints.
Lecture des matines, texte extrait de l’« Exposé de saint Grégoire pape sur les livres des Rois ». Alors que s’achevait l’impression du troisième tome du commentaire du premier livre des Rois pour les Sources chrétiennes, en 1998, le maître d’œuvre de l’édition, Dom Adalbert de Vogüé, découvrit une chronique de l’abbaye de Venosa ne laissant aucun doute sur le fait que le véritable auteur était Pierre de Cava, moine de Cava puis abbé de Venosa de 1141 à sa mort en 1156. Ce moine s’était tellement imprégné du style et de la méthode de saint Grégoire le Grand qu’aucun spécialiste n’avait mis en doute la paternité de l’ouvrage. Ce qui est amusant, quand on sait que ces deux derniers siècles des frénétiques ont cherché tous les prétextes pour retirer la paternité de pères de l’Eglise de tels ou tels textes qui leur ont été réattribués depuis…