Saint Jean ayant appris que la peste était à saint Facond, lieu de sa naissance, pour éviter l’applaudissement, et se dérober aux marques d'estime qu'on lui rendait à Salamanque, se servit de cette occasion, et demanda permission au supérieur d'aller soulager ses anciens concitoyens, il s'y transporta, et alla droit à la maison de Monsieur de Castrille son frère, chez qui il trouva tout en confusion et en larmes, à cause de Damoiselle Isabelle de Castrille sa nièce, âgée de 7 ans, morte du mal contagieux : s'étant mis en prières, il la ressuscita miraculeusement. Lorsqu'on a fait les informations de la béatification du Saint, le père de la fille encore vivant l'a ainsi affirmé par serment. Mais le saint s’appliqua bien davantage au soulagement du public qu’à celui de sa famille, il fut continuellement aux hôpitaux, et dans les maisons particulières, et on le retint dans la ville pendant tout le temps que dura ce fléau de Dieu : il y pansait les malades de ses propres mains, et après leur avoir obtenu de Dieu la délivrance de la peste, il leur obtint encore par les effets de ses soins, par ses prières, ses sermons, et ses autres travaux, la grâce de la pénitence.
Le public avait une confiance particulière à ses prières, et beaucoup s’y recommandaient et recevaient par ce moyen, et par ses miracles, de grandes bénédictions du ciel ; mais cette estime générale ne servait qu’à l’humilier davantage : il a même fait quelquefois des actions qui semblent n’être pas à imiter, dans la crainte qu’il avait de se laisser surprendre à la vaine gloire. Il marqua beaucoup son zèle dans le confessionnal, où il faisait de grands fruits. L’esprit du Seigneur l’anima toujours, et le fit parler partout avec tant d’efficacité contre les vices, et travailler avec tant de courage pour les déraciner, qu’il a eu le bonheur et la gloire de mourir martyr de la charité.
Commentaires
"Il y pansait les malades..." Pas "pensait" ! ;)
Oui, j'ai recopié le texte sans faire attention. Car il y a bien "penser" dans le texte, et alors ce n'était pas une faute, c'était même l'orthographe normale, sanctionnée par l'Académie française :
Ac. 1694 et 1740: penser; dep. 1762: panser. Fér. 1768 et Fér. Crit. t.3 1788: pancer ou panser. Étymol. et Hist. 1. 1376 penser un cheval «s'occuper d'un cheval, le nourrir» (Modus et Ratio, 193, 67 ds T.-L.);