Il s’appelait Joachim comme le mari de sainte Anne, il était né à 6 km de la basilique de Sainte Anne d’Auray, il est mort hier à la Maison Saint-Joachim, la maison de retraite des prêtres du diocèse de Vannes, à deux pas de la basilique, où il avait célébré une messe pour ses 100 ans le 28 décembre dernier.
L’abbé Le Palud faisait partie des prêtres de « Fidélité catholique », selon le nom du bulletin que dirigeait son ami l’abbé Blanchard, recteur de Quistinic. En ces temps de tourmente post-conciliaire, il était quant à lui recteur de Kervignac. Tous deux étaient des amis de mon père spirituel, moine de Kergonan.
J’ai connu l’abbé Le Palud lors d’un voyage de groupe en Pologne dans les années 80. Deux grands souvenirs : la célébration d’une messe dans l’église de Nowa-Huta, l’église symbole de la résistance catholique polonaise, construite à la suite de longs combats par les habitants de cette ville nouvelle dédiée à Lénine et qui devait être athée, qui était alors l’unique église (il y en a aujourd’hui une dans chaque quartier) ; et cette descente de la Dunajec en radeau où nous discutions de théologie…
Beaucoup plus tard j’ai retrouvé l’abbé Le Palud à Pontcalec où il était devenu aumônier en 1994. Un aumônier de transition, forcément, puisqu’il avait 75 ans. Mais il y resta… 22 ans. Il est devenu mon confesseur, et j’avais le droit à la double peine, parce que chaque confession était pour lui l’occasion de me féliciter pour tel ou tel de mes articles… Et même pour mes articles de musique qu’il lisait dans La Nef, me disait-il, avec le plus grand intérêt alors qu’il n’y connaissait rien… Je ne sais s’il n’y connaissait rien mais en tout cas il chantait la messe de façon remarquable, et encore à 97 ans il chantait fort bien la Préface, et aussi l’évangile.
L’âge paraissait ne pas avoir de prise sur ce petit bonhomme alerte et pétillant. Sauf sur ses yeux. Il voyait de moins en moins bien, et dans les tout derniers mois il était devenu presque aveugle.
Mais aujourd’hui il voit très bien… Ne nous oubliez pas, monsieur l’abbé.
Commentaires
J'ai eu l'honneur de discuter avec lui à plusieurs reprises à Pontcalec, très apprécié des Mères comme des élèves.
Même s'il nous faut toujours prier pour les âmes, ne doutons pas qu'il soit aujourd'hui auprès de son créateur à intercéder pour nous.
Cher Monsieur,
Recevez mes sincères condoléances.
J'ai eu la grâce de fréquenter le "Père" Le Palud, des années durant, à Fontgombault, où il suivait sa retraite annuelle avec ses confrères de l'Opus sacerdotale. J'ai eu la grâce de lui servir la messe basse matinale, dans l'abbatiale, souvent dans les chapelles rayonnantes... à tout point de vue. Et ses vieilles histoires de curés qu'il aimait partager avec ses confrères, le Chanoine Aquilina, l'abbé Blanchard ( que j'ai vu esquisser une dance bretonne pour célébrer l'élection au suprême pontificat d'un certain Josef Ratzinger, il me montra la correspondance qu'il avait entretenue avec lui dans les années 1980-1990), l'abbé Bacon, l'abbé Lourdelet et tant d'autres saints prêtres restés fidèles à la Messe de leur ordination... et simplement à leurs promesses d'ordination au milieu de mille souffrances. J'ai toujours été impressionné par cette génération de prêtres qu'on dira "traditionnalistes" et qui l'étaient par leur intransigeance doctrinale. Dieu est Dieu, nom de Dieu ! Mais j'ai trouvé une extraordinaire délicatesse à l'égard des âmes, une attention compatissante à l'égard de la souffrance de leurs paroissiens, sans jugement à l'égard des petites gens, de ces chrétiens parfois loin de l'église à l'heure de la messe, mais auxquels ils savaient parler du Sauveur par leur simplicité et leur bonhommie. J'interprète peut-être leurs paroles, mais il m'a semblé que l'abbé Le Palud et ses vieux confrères ne se retrouvaient pas toujours, pas entièrement dans certaines fondations faisant profession d'intransigeantisme traditionnaliste, dans ces jeunes ensoutanés qui leur en remontraient, parfois, plus ou moins délicatement, sur leur théologie ou leurs accommodements pastoraux. Je n'ai pas vu le bon Père Le Palud depuis cinq ans, je n'ai pu parler de la manière dont il percevait l'actuel pontificat, je crains qu'il ne se soit agi pour lui d'une ultime souffrance...
Qu'il nous bénisse du haut du Ciel !
Sacerdos in aeternum !