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Induta est caro mea putredine

℟. Induta est caro mea putredine, et sordibus pulveris cutis mea áruit et contracta est:
* Memento mei, Dómine, quóniam ventus est vita mea.
. Dies mei velocius transiérunt quam a texénte tela succiditur, et consumpti sunt absque ulla spe.
℟. Memento mei, Dómine, quóniam ventus est vita mea.

Ma chair a été revêtue de pourriture, et ma peau s’est desséchée et gercée sous les souillures de poussière. Souvenez-vous de moi, Seigneur, car ma vie, c’est du vent. Mes jours ont passé plus vite que la toile n'est coupée par le tisserand, et ils se sont consumés sans aucune espérance.

C’est le premier répons des matines de ce jour de férie. On reconnaît tout de suite le lyrisme dramatique du livre de Job, qui est depuis dimanche le livre biblique du moment.

Plus je lis ce livre et plus je me demande comment et pourquoi les pères ont tellement tenu à ce que ce soit un livre historique. Car l’essentiel du texte est une suite de poèmes apparentés aux (autres) livres sapientiaux et aux psaumes, et le prologue et l’épilogue, qui sont une sorte de prétexte, sont manifestement une parabole. Car c’est tout de même une étrange coïncidence que cet homme riche ait 7.000 brebis et 3.000 chameaux (10.000), 500 paires de bœufs et 500 ânesses (1.000), sept fils et trois filles (10 enfants). On arrive toujours à un compte rond indiquant une totalité. 10, 1.000, 10.000. Chaque jour l’un des sept fils de Job fait un festin où il invite les autres et ses sœurs, donc cela fait une semaine complète, et au bout de la semaine Job offre un sacrifice… Et l’on recommence… Et le même jour à la même heure Job perd tout ce qu’il avait. Et après l’épreuve Job eut sept fils et trois filles, comme avant, et encore plus de bétail : 14.000 brebis et 6.000 chameaux, mille paire de bœufs et mille ânesses, exactement le double de ce qu’il avait avant.

Cela s’inscrit dans une histoire qui est racontée comme un conte populaire. Et si on le considère comme historique on se heurte à une énorme difficulté théologique : comment Satan peut-il se trouver parmi les « fils de Dieu » et parler tranquillement avec Dieu comme s’ils prenaient le thé ensemble ? C’est théologiquement impossible : « Quelle société entre la lumière et les ténèbres, quel accord entre le Christ et Bélial ? » Mais c’est possible dans une parabole d’allure populaire qui plante un décor pittoresque pour introduire une longue réflexion sur le drame de la vie humaine.

Commentaires

  • Le livre de Job fait partie des livres sapientiaux. C'est une sorte de traité du de Malo et du combat spirituel : "Yahweh a donné, Yahweh a ôté; que le nom de Yahweh soit béni!» En tout cela, Job ne pécha point et ne dit rien d'insensé contre Dieu. (Jb 1, 21-22)" L'épreuve nécessaire du juste par le démon permis par Dieu : " Aucune tentation ne vous est survenue, qui n'ait été humaine; et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces; mais, avec la tentation, il ménagera aussi une heureuse issue en vous donnant le pouvoir de la supporter. (1Cor 10, 13)

  • Votre commentaire est court et bon.

  • Cher Yves Daoudal,

    Je sais qu'Internet n'est pas forcément une source fiable en tout point de vue, mais les quelques recherches rapidement effectuées m'indiquent toutes que le Livre de Job fait partie des Livres Sapientiaux.

    Etes-vous certain que les Pères étaient d'un avis différents il y a quelque temps?

  • S'il vous plaît, renseignez-vous un peu avant de faire des objections, à moins que ce soit pour le seul plaisir de faire une objection.

    Le fait que ce soit un livre sapientiel n'a rien à voir dans l'affaire. C'est un fait que pour TOUS les pères de l'Eglise le livre de Job était un livre racontant une histoire authentique. Saint Jean Chrysostome évoquait même les pèlerins qui allaient au lieu où Job avait vécu pour baiser le lieu où était le saint fumier... La grande discussion entre les pères était de savoir qui avait rapporté tout cela. Pour certains c'était Job lui-même, mais pour les rabbins c'était Moïse (et saint Grégoire le Grand harmonisait en disant que Job l'avait écrit en arabe et que Moïse l'avait traduit en hébreu...), et selon d'autres c'était un des prophètes.

    A la fin du XVIIe siècle encore Lemaistre de Sacy s'étrangle qu'on puisse pousser l'impiété jusqu'à imaginer que le livre de Job ne soit pas historique.

  • Et l'introduction de Fillion assure que "Job est un personnage historique très réel" (comme si dire "réel" ou "historique" n'était aps assez fort pour conjurer l'audace des "rationalistes"...)

  • Il faut en toutes choses écouter l'Église et ne pas s'écarter des Pères.
    Cher Monsieur Daoudal, je ne suis pas d'accord avec vos objections:
    1) En ce qui concerne les nombres, ils doivent être interprétés comme "environ" ou "au moins".
    Job était un homme riche et pieux, la Providence permit qu'il perdît tout, et que sa patience lui méritât de recouvrer plus qu'il n'avait perdu (au moins ou environ le double de ses biens, au moins le même nombre d'enfants); voilà tout le sens du texte.

    2) Le diable ne peut pas tenter l'homme ni même se promener sur terre sans en demander (ou sans en recevoir) la permission du Créateur, qui l'a condamné au feu éternel. C'est pourquoi, dans l'Evangile de Saint Marc (chap. V, versets 10-12), les démons du possédé que le Christ guérit, le supplièrent de leur permettre d'aller dans un troupeau de pourceaux... Et le Christ, maître temporel du monde, le leur permit.
    Vous voyez donc que, si le démon parle au Verbe incarné, rien ne l'empêche de parler au Verbe non encore incarné...

    C'est seulement dans le sens moral que Saint Paul dit qu'il faut séparer les lumières des ténèbres.

    Le fait évangélique étant lui-même historique, et cela vous ne pourriez le nier, il en est aussi de même de la conversation du démon dans l'ancien Testament. L'Église a permis le culte de Saint Job, et il existe une église en son honneur dans ma commune, à Uccle (Bruxelles); d'ailleurs, le quartier s'appelle désormais Saint-Job, au lieu de son ancien nom Carloo. Si l'Église permet de l'invoquer, c'est que son âme existe au Ciel !

  • Le Christ est descendu dans le monde déchu, dans le monde du péché dont le prince est Satan, précisément pour le combattre et le vaincre. Ce que l'on voit dès le début de sa vie publique avec les tentations du désert. Il est comme un roi qui va faire la guerre dans un territoire ennemi.

    Cela n'a rien à voir avec le livre de Job où l'on voit Dieu dans son Royaume, au milieu de sa cour, donc au centre de la Lumière divine dont aucune ténèbre ne peut approcher. Si Satan peut converser avec Dieu dans son Royaume, il n'y a pas de raison que n'importe quel damné ne puisse en faire autant, ce qui est absurde. "Il y a entre nous un abîme infranchissable," dit Abraham au méchant riche.

  • Les prières des hommes, même en état de péché, et donc aussi les demandes du démon arrivent au Seigneur au Ciel, et il les fait entendre à toute la Cour céleste, si cela Lui plaît; voilà le sens des paroles du livre de Job.

  • On célèbre aussi une sainte Esther.

    Un catholique est-il pour autant tenu de croire que le personnage d’Esther est historique ? Que l’histoire d’Esther et de Mardochée doit être prise au pied de la lettre ?

  • "Il faut en toutes choses écouter l'Église et ne pas s'écarter des Pères."

    Pour être catholique, faut-il croire que Jonas ait passé trois jours et trois nuits dans le ventre d'un gros poisson?

    Je me souviens avoir appris, enfant, que la foi est l'adhésion de l'intelligence à la Vérité révélée, or le Verbe révélé n'a jamais rien écrit, à la différence d'Allah.

    Je mets ma confiance dans le Seigneur, je suis sur de sa parole etc... mais ça ne m'oblige pas à prendre pour articles de foi des histoires racontées par de Hébreux illuminés...

    Croyez ce que vous voulez, priez-Sainte Rita ou Saint-Job si ça vous chante, mais acceptez que ma nature rationnelle m'incline à penser qu'aucun corbeau n'a jamais tenu dans son bec un fromage en écoutant les propos d'un renard,, et de croire et savoir que "tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute".

  • "Il faut en toutes choses écouter l'Église et ne pas s'écarter des Pères."

    Pour être catholique, faut-il croire que Jonas ait passé trois jours et trois nuits dans le ventre d'un gros poisson?

    Je me souviens avoir appris, enfant, que la foi est l'adhésion de l'intelligence à la Vérité révélée, or le Verbe révélé n'a jamais rien écrit, à la différence d'Allah.

    Je mets ma confiance dans le Seigneur, je suis sur de sa parole etc... mais ça ne m'oblige pas à prendre pour articles de foi des histoires racontées par de Hébreux illuminés...

    Croyez ce que vous voulez, priez-Sainte Rita ou Saint-Job si ça vous chante, mais acceptez que ma nature rationnelle m'incline à penser qu'aucun corbeau n'a jamais tenu dans son bec un fromage en écoutant les propos d'un renard,, et de croire et savoir que "tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute".

  • Le problème à résoudre est de savoir ce que signifie précisément « écouter l’Église ».

    Écouter QUI dans l’Église ?

    Au demeurant, si « Église » n’est pas, comme hélas trop souvent, interprété restrictivelent comme un synonyme de « le personnel ecclésiastique », pourquoi adhérer obstinément et automatiquement, et en tout, à des interprétations anciennes de pères de l’Église (qui avaient le savoir exégétique et les connaissances historiques de leur temps, et pas du nôtre) qui n’ont pas’la science infuse.

  • Rappelons qu'au Moyen Âge, quand on dit "mille", ça veut simplement dire : "beaucoup".

  • Indépendamment du fait que le livre de Job n’est pas rédige en français du Moyen Âge, « mille » peut vouloir dire « 1000 », ou « un grand nombre » aussi bien en français d’aujourd’hui qu’au Moyen Âge. Le Moyen Âge n’a rien de spécifique à cet égard.

    Voir l’article « mil » dans Takeshi Matsumura, Dictionnaire du français médiéval, 2015.

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