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Hongrie : exit le genre

Le gouvernement hongrois a envoyé le 10 août aux universités du pays le texte d’un projet de loi qui vise à supprimer à la rentrée 2019 les diplômes d’« études de genre », donc les cours qui permettent de l’obtenir.

Hurlements, bien sûr, contre l’affreux régime Orbán qui viole les libertés universitaires et la liberté de la recherche scientifique. Comme si les « études de genre » n’étaient pas purement idéologiques.

Le gouvernement se contente de déclarer que les études de genre ne sont pas « économiquement rationnelles ». Le vice-Premier ministre Zsolt Semyen explique : « Personne ne veut embaucher des diplômés en genre, donc on n’a pas besoin de les former. »

Le fait que ce soit le discret Zsolt Semyen (ministre sans portefeuille) qui s’exprime sur le sujet est significatif. Il est le président du parti populaire démocrate-chrétien (KDNP), qu’il représente donc au gouvernement. (Depuis 2006 le KDNP fait listes communes avec le Fidesz. Il a actuellement 16 députés.)

Or l’an dernier le président des jeunes du KDNP, Lőrinc Nacsa, avait demandé la suppression de ce programme « de luxe et de gaspillage » dans une lettre à l’université Loránd Eötvös de Budapest (ELTE) : « Nous devons faire prendre conscience que ces programmes ne font rien pour élever notre pays. En fait, ils détruisent le mode de pensée centré sur les valeurs toujours présentes dans les pays d’Europe centrale. »

On pourrait penser que le gouvernement s’en prend une fois de plus à l’université Soros. Mais dans cette université il n’y avait cette année que… deux étudiants en « études de genre ». Et il n’y en avait en fait que 11 à l’université d’Etat Loránd Eötvös, sur 3.500 étudiants (et aucun dans les autres universités du pays). Il semble donc que le gouvernement veuille satisfaire le KDNP, ce qui est d’autre part conforme aux derniers discours de Viktor Orbán sur la nouvelle démocratie chrétienne qu’il veut instaurer.

Commentaires

  • La résistance des pro-gender s'organise... Voici un mèl reçu récemment. Vous n'êtes pas obligé de signer la pétition...

    Bonsoir à toutes et tous,

    Je vous reproduis ci dessous le texte de l'appel à protestation du Réseau hongrois des enseignants universitaires (OHA) contre le plan du gouvernement de Viktor Orbán visant à supprimer le master "Études sur le genre". Pour signer la pétition : https://www.petitions24.net/appel_a_protestation_du_reseau_des_enseignants_universitaires_contre_le_plan_du_gouvernement_hongrois_visant_a_supprimer_le_master__etudes_sur_le_genre

    C’est en plein milieu des vacances universitaires d’été que la Conférence des recteurs hongrois a reçu une proposition de modification de décret, issue des ministères des Ressources Humaines (EMMI, équivalent du ministère de l'éducation nationale, ndle) et de la Justice, demandant la suppression du Master « Etudes sur le genre ». A l’heure actuelle cette formation est proposée aux étudiants dans deux universités hongroises : la Faculté des Sciences Sociales de ELTE et l’Université d’Europe Centrale (CEU). Selon la proposition des deux ministères les étudiants admis cette année pourront encore achever leurs études, mais dans le futur personne ne pourra commencer en Hongrie des études dans cette discipline.

    Ce Master a été intégré dans la liste des programmes universitaires il y a douze ans. Depuis 2008 il existe un Master d’Etudes sur le genre de langue anglaise à l’Université d’Europe Centrale, tandis que l’Université ELTE a obtenu le droit de lancer une formation semblable en hongrois tout récemment, en 2016. En réalité à ELTE le Master en question a été lancé seulement en 2017. Déjà bien avant son début il était la cible de multiples attaques de la part de plusieurs membres du gouvernement et de la presse sous contrôle du gouvernement. Maintenant, à moins d’une année après les débuts de la formation à ELTE, le gouvernement souhaite interdire ce Master dans toutes les deux universités, citant comme uniques arguments le faible nombre des étudiants inscrits et l’inutilité de cette formation du point de vue de l’économie et du marché du travail.

    La suppression planifiée d’une formation universitaire avec des prétextes pareils sans fondement, et sans arguments professionnels porte une très grave atteinte à la liberté académique, même si on interprète cette liberté d’une manière aussi restrictive comme le fait la Constitution hongroise.

    Les « Études sur le genre » est une discipline scientifique mondialement reconnue ; plusieurs centaines d’universités proposent une formation dans ce domaine, avec le but d’étudier les inégalités entre hommes et femmes sur le plan social et sur le marché du travail, l’évolution des rôles de genres sociaux, les stéréotypes culturels rattachés aux genres.

    Le gouvernement hongrois qui veut exploiter le sujet de l’enseignement et de l’étude des genres pour ses propres buts politiques (nous pensons ici également aux attaques récentes contre le Centre d’Etudes Sociales de l’Académie des Sciences Hongroises), se ridiculise par son comportement borné et à courte vue devant l’opinion publique internationale. A tel point que même certains portails d’extrême droite ont qualifié la proposition de suppression comme abusive.

    Le Réseau des Enseignants Universitaires (OHA) proteste fermement contre le projet gouvernemental de suppression du Master « Etudes sur le genre » et appelle tous les représentants du monde académique et scientifique international à se joindre à sa protestation.

    Le Réseau des Enseignants Universitaires (OHA)
    http://oktatoihalozat.hu/
    https://www.facebook.com/oktatoihalozat/?fref=nf

    Pour signer l'appel : la pétition en ligne.

    Pour en savoir plus :

    L’ingérence du gouvernement hongrois pour contrer les gender studies
    En Hongrie, charge politique contre les gender studies
    En Hongrie, on dresse désormais des listes noires de chercheurs trop « libéraux »
    Les chercheurs hongrois se mobilisent contre une « attaque à l’endroit des libertés académiques »
    Inquiétudes sur l’indépendance de la recherche publique en Hongrie



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    Ludovic Lepeltier-Kutasi
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