Introït
Audívit Dóminus, et misértus est mihi : Dóminus factus est adjútor meus.
Le Seigneur a entendu et il a eu pitié de moi ; le Seigneur s’est fait mon aide.
℣. Exaltábo te, Dómine, quóniam suscepísti me : nec delectásti inimícos meos super me.
Je vous exalterai, Seigneur, parce que vous m’avez relevé et que vous n’avez pas réjoui mes ennemis à mon sujet.
Traduction d’un commentaire du Prieuré bénédictin de Silverstream (Irlande).
Nous sommes encore au seuil du carême. Le Christ Jésus, la Miséricorde de Dieu incarnée, entend le son de nos pleurs. Il penche son oreille pour écouter nos gémissements étouffés. Il se baisse et, descendant au fond de la vallée de notre misère, se fait notre aide et notre soutien. "Le Seigneur a entendu, et a eu pitié de moi: le Seigneur est devenu mon aide" (Psaume 29: 2, Introït).
La mélodie de l'introït s'étend depuis les profondeurs jusqu’aux sommets du septième mode, exprimant, en deux courtes phrases musicales, la bassesse de notre état déchu et l'immensité de la miséricorde de Dieu. Ce fut, bien sûr, l'expérience de saint Augustin dans l'église stationnale où nous sommes assemblés, du moins spirituellement, aujourd'hui.
Une piété authentiquement liturgique est façonnée par les pratiques de l'Église qui est à Rome. Les missels des fidèles offraient une carte de la Ville éternelle marquant l'emplacement des églises stationnales, de sorte que, du moins dans l'esprit, les catholiques du monde entier puissent ainsi suivre les chrétiens de Rome dans leurs progrès de carême. Chaque jour de carême nous offre l'occasion de faire un pèlerinage spirituel à l'église stationnale désignée. L'église d'aujourd'hui, celle des saints Tryphon et Augustin, est la clé pour chanter l’introït de ce jour en le comprenant. Les Confessions de saint Augustin sont des confessions de la Miséricorde de Dieu. « Bien que je ne sois que poussière et cendre », dit Augustin, « permettez-moi de parler en votre présence miséricordieuse, car c'est à votre miséricorde que je m'adresse » (Confessions, livre I, 7).
Erratum — La station à Saint-Tryphon (puis Saints Tryphon et Augustin, puis basilique Saint-Augustin), c'est demain, samedi après les Cendres. Les chants de la messe sont identiques, d'où mon erreur. Mais le texte du prieuré de Silvestream est bien indiqué pour le samedi...
Sur ce graduel de Sens (vers 1300), qui se trouve à la Bibliothèque nationale du Portugal, on voit que le verset de psaume qu’introduit l’antienne n’est indiqué que par son début : « Exaltabo te d.q.s ». Le chantre était censé connaître les psaumes par cœur et savoir que cela voulait dire : « Exaltábo te, Dómine, quóniam suscepísti me : nec delectásti inimícos meos super me. » Mais quelqu’un a ajouté le verset dans la marge…
Par la Schola Abelis d'Oxford, lors d'une messe à Londres (l'introït est suivi d'un Kyrie d'Obrecht) :
Commentaires
La mélodie est clairement différente de celle que nous avons aujourd'hui.
Légèrement différente, mais c'est la même, seulement un peu plus ornée : répétition du sol initial, do-ré au lieu de ré sur le "mi" de "Dominus", puis "misertus es" est identique, puis "mihi" fa-ré-FA-do-si au lieu de fa-ré-MI-do-si. Etc.