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Coup de folie en Israël

Les députés polonais ont adopté vendredi un projet de loi de réforme des textes de fonctionnement de l’Institut national pour la Mémoire. Y est ajouté notamment un paragraphe visant à sanctionner pénalement « quiconque publiquement et en dépit des faits attribue à la Nation Polonaise ou à l'Etat Polonais la responsabilité ou la coresponsabilité des crimes nazis ». Il s’agit surtout d’en finir avec l’expression « camps de la mort polonais » que les Polonais, à juste titre, ne supportent pas, puisqu’il s’agissait de camps allemands installés par les nazis en Pologne.

Samedi, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réagi en sommant l’ambassadeur d’Israël à Varsovie de demander un rendez-vous avec son homologue polonais Mateusz Morawiecki. « Cette loi n'a aucun sens, et je m'y oppose fermement. L'Histoire ne peut être modifiée et nul n'a le droit de nier l'Holocauste », a-t-il tonné.

Le premier politicien israélien à réagir avait été, quelques heures plus tôt, le chef du parti Yesh Atid, Yaïr Lapid, martelant sur Twitter : « Il y a eu des camps de la mort polonais et aucune loi ne peut rien y changer. » Ce qui lui avait valu la réplique immédiate de l’ambassade de Pologne à Tel Aviv : « Vos affirmations sont insupportables et montrent à quel point il est nécessaire de renforcer l'enseignement de l'Holocauste, y compris ici en Israël. L'intention de ce projet de loi n'est pas d'effacer le passé mais de protéger la vérité face à de telles calomnies. »

Hier, le ministre israélien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade de Pologne pour lui signifier l’opposition d’Israël à ce projet de loi qui « n'aidera pas à établir la vérité historique et pourrait nuire à la liberté de la recherche, tout en empêchant la discussion sur le message historique et l'héritage de la Seconde Guerre mondiale ».

Il est assez savoureux de voir des Israéliens revendiquer la « liberté de recherche » dans ce domaine… Mais il convient surtout de constater qu’ils ont tout faux…

Le paragraphe contesté, 55a, est un ajout au paragraphe 55. Lequel est le texte qui sanctionne pénalement toute négation des crimes nazis (et communistes), donc de « l’Holocauste », et ce même paragraphe 55a précise que le nouveau texte ne s’applique pas à ce qui est dit « dans le cadre d’activités artistiques ou scientifiques ». Donc la liberté de recherche, à laquelle tiennent tant les Israéliens (on ne rigole pas) est parfaitement préservée.

Ajoutons deux tweets de Mateusz Morawiecki :

Auschwitz est la leçon la plus amère de la façon dont les idéologies du mal peuvent conduire à l’enfer sur la terre. Les Juifs, les Polonais et toutes les victimes doivent être les gardiens de la mémoire de tous ceux qui ont été assassinés par les nazis allemands. Auschwitz-Birkenau n’est pas un nom polonais, et Arbeit machet frei n’est pas une expression polonaise.

La Pologne et Israël ont publié en 2016 une déclaration commune dans laquelle ils s'opposent à toutes les tentatives de falsification de l'histoire des peuples juif et polonais qui consistent à nier ou à minimiser le nombre des victimes juives pendant l'Holocauste ou à utiliser des formules erronées comme “les camps de la mort polonais”.

A propos de la liberté de recherche, le communiqué de Yad Vashem permet de comprendre qu’il s’agit de la très laborieuse recherche permettant d’impliquer autant de Polonais que possible dans la Shoah… Mais même Yad Vashem doit reconnaître, malgré la délirante campagne politico-médiatique israélienne, que les Polonais ont raison de contester l’expression « camps de la mort polonais », car « il ne fait pas de doute que ce terme constitue une distorsion de l’histoire »…

Commentaires

  • Voilà que les médias internationaux reprennent en choeur les propos de l'ambassadrice d'Israël en Pologne qui déclare (à Auschwitz devant le premier Ministre M. Morawiecki et la vice premier ministre Mme Szydlo ! ) que la révision de la loi polonaise sur la mémoire de l'Holocauste interdirait "aux survivants de pouvoir témoigner". car cela pourrait les conduire en prison.

    Ce qui est bien évidemment TOTALEMENT FAUX. Puisque la loi-comme celle de 1998- condamne les personnes qui mentiraient en dépit des faits.! Et qui établit les faits ? Les chercheurs à qui on laisse toute liberté de recherche..

    Un journaliste en Polonais (de gauche), a même écrit que les profs pourront aller en prison s'ils disent à leurs élèves que les Polonais ont participé au massacre de Jedwabne.... Qui est reconnu officiellement par l'Institut National de la mémoire. ....

    Attendons-nous à voir ce pur mensonge ressurgir dans quelque temps en Europe occidentale.

    Cette histoire peut paraitre anecdotique car en français il n'arrive quasiment pas que l'on parle de "camps de la mort polonais" alors que c'est une expression très fréquente dans les médias, Anglais, Américains, Israéliens, et... Allemands (si,si)....

    Aujourd'hui même El Païs l'a employée , sans même faire semblant de commettre une maladresse langagière..

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