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Misit Dominus Angelum suum

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Antiphonaire des cordeliers de Fribourg, vers 1300.

℟. Misit Dóminus Angelum suum et conclúsit ora leónum,
* Et non contaminavérunt, quia coram eo iniustítia invénta non est in me.
℣. Misit Deus misericórdiam suam et veritátem suam: ánimam meam erípuit de médio catulórum leónum.
℟. Et non contaminavérunt, quia coram eo iniustítia invénta non est in me.

Ce répons des matines, en ce mois de novembre où la lecture liturgique est celle des prophètes qui n’ont pas encore été lus, évoque Daniel dans la fosse aux lions. Le roi vient en pleurant constater que les lions ont dévoré le prophète, et celui-ci répond que le Seigneur a envoyé son ange qui a fermé la gueule des lions. Le verset a été choisi dans le psaume 56 où non seulement le psalmiste dit aussi qu’il a été délivré du milieu des lions, mais commence par la même expression : « Dieu a envoyé… » L’ange est remplacé par « la miséricorde et la vérité », mais comme le dit un autre psaume, « toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité », donc il s’agit de la même réalité.

Ce qui est très étrange dans ce répons est « Et non contaminaverunt ». Et ils n’ont pas souillé. La Vulgate dit : « Et ils ne m’ont pas fait de mal ». Non nocuerunt mihi. C’est ce que disait le texte araméen traduit par saint Jérôme. Le texte grec emploie un verbe qui veut dire également « faire du mal », « maltraiter », et c’est ainsi qu’on le comprend naturellement dans ce contexte. Ce verbe peut vouloir dire aussi « souiller », et c’est ce que dit le répons. On ne s’étonne pas qu’il en soit ainsi dès le Liber responsalis de saint Grégoire le Grand. Mais on ne trouve cette traduction nulle part ailleurs. Il est étonnant d’imaginer que Daniel soit heureux, non pas de ne pas avoir été dévoré, mais de ne pas avoir été « souillé » par les lions.

En fait, il s’agit d’une traduction liturgique, donc à usage spirituel, commandée par la suite : « parce que devant lui il n’a pas été trouvé d’injustice en moi ». Devant lui, devant l’ange, qui représente Dieu, avec ensuite le passif divin qui insiste sur le fait que Dieu n’a trouvé aucune injustice en moi. Et cela explique que les lions ne m’ont pas souillé : les lions qui sont les démons acharnés à me « dévorer », c’est-à-dire à me souiller du péché.

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