Dom Guéranger cite cette belle préface du missel ambrosien :
Vere dignum et justum est, aequum et salutare, nos tibi semper hic et ubique gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, aeterne Deus, qui te nobis super Jordanis alveum de coelis in voce tonitrui praebuisti, ut Salvatorem coeli demonstrares, et te Patrem aeterni luminis ostenderes, coelos aperuisti, aerem benedixisti, fontem purificasti: et tuum unicum Filium per speciem columbae Sancto Spiritu declarasti. Susceperunt hodie fontes benedictionem tuam, et abstulerunt maledictionem nostram, ita ut credentibus purificationem omnium delictorum exhibeant, et Dei filios adoptione faciant ad vitam aeternam. Nam quos ad temporalem vitam carnalis nativitas fuderat, quos mors per praevaricationem ceperat, hos vita aeterna recipiens, ad regni coelorum gloriam revocavit.
Il est véritablement digne, juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces partout et toujours, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, qui vous êtes manifesté à nous du haut du ciel, dans une voix tonnante, sur les eaux du Jourdain; pour nous montrer le Sauveur céleste, et vous manifester à nous comme le Père de la lumière éternelle, vous avez ouvert les cieux, sanctifié les airs, purifié la fontaine, et désigné votre Fils unique par l’Esprit Saint apparaissant sous la forme d’une colombe. Aujourd’hui les eaux ont reçu votre bénédiction et ont enlevé notre malédiction ; elles ont reçu la vertu de produire dans les croyants la purification de tous les péchés, et d’opérer l’adoption des enfants de Dieu pour la vie éternelle. Ceux que la naissance charnelle avait produits pour la vie du temps, ceux que, par suite de leur prévarication, la mort tenait en sa puissance, la vie éternelle les a reçus et les a rappelés à la gloire du céleste royaume.
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ECCE, ADVÉNIT DOMINÁTOR DÓMINUS : ET REGNUM IN MANU EIUS et POTÉSTAS e IMPÉRIUM.
Surge, illumináre, Ierúsalem : quia venit lumen tuum, et glória Dómini super te orta est. Quia ecce, ténebræ opérient terram et caligo pópulos : super te autem oriétur Dóminus, et glória eius in te vidébitur. Et ambulábunt gentes in lúmine tuo, et reges in splendóre ortus tui. Leva in circúitu óculos tuos, et vide : omnes isti congregáti sunt, venérunt tibi : fílii tui de longe vénient, et fíliæ tuæ de látere surgent. Tunc vidébis et áfflues, mirábitur et dilatábitur cor tuum, quando convérsa fúerit ad te multitúdo maris, fortitúdo géntium vénerit tibi. Inundátio camelórum opériet te, dromedárii Mádian et Epha : omnes de Saba vénient, aurum et thus deferéntes, et laudem Dómino annuntiántes.
Omnes de Saba vénient, aurum et thus deferéntes, et laudem Dómino annuntiántes.
V/. Surge et illumináre, Ierúsalem : quia glória Dómini super te orta est.
V/. Lève-toi, et resplendis, Jérusalem ! Car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Allelúia, allelúia.
V/.Matth. 2, 2. Vídimus stellam eius in Oriénte, et vénimus cum munéribus adoráre Dóminum. Allelúia. Allelúia, allelúia. V/. Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem . (1, 29-34).
In illo témpore : Vidit Ioánnes Iesum veniéntem ad se, et ait : Ecce Agnus Dei, ecce, qui tollit peccátum mundi. Hic est, de quo dixi : Post me venit vir, qui ante me factus est : quia prior me erat. Et ego nesciébam eum, sed ut manifestétur in Israël, proptérea veni ego in aqua baptízans. Et testimónium perhíbuit Ioánnes, dicens : Quia vidi Spíritum descendéntem quasi colúmbam de cælo, et mansit super eum. Et ego nesciébam eum : sed qui misit me baptizáre in aqua, ille mihi dixit : Super quem víderis Spíritum descendéntem, et manéntem super eum, hic est, qui baptízat in Spíritu Sancto. Et ego vidi : et testimónium perhíbui, quia hic est Fílius Dei.
Reges Tharsis, et ínsulæ múnera ófferent : reges Arabum et Saba dona addúcent : et adorábunt eum omnes reges terræ, omnes gentes sérvient ei.
Hóstias tibi, Dómine, pro nati Fílii tui apparitióne deférimus, supplíciter exorántes : ut, sicut ipse nostrórum auctor est múnerum, ita sit ipse miséricors et suscéptor, Iesus Christus, Dóminus noster : Qui tecum.
Vídimus stellam eius in Oriénte, et vénimus cum munéribus adoráre Dóminum.
Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur.
Cælésti lúmine, quǽsumus, Dómine, semper et ubíque nos prǽveni : ut mystérium, cuius nos partícipes esse voluísti, et puro cernámus intúitu, et digno percipiámus affectu. Per Dóminum nostrum. Nous vous en supplions, Seigneur, prévenez-nous toujours et partout de votre céleste lumière ; afin que nous considérions avec une pure intention ce mystère dont vous avez voulu nous rendre participants et que nous le recevions avec une digne affection.
Sermon de saint Grégoire de Nazianze..
Quatrième leçon. Je ne puis contenir les élans de ma joie, mais j’ai le cœur ému et transporté : oublieux de ma propre faiblesse, je brûle d’envie de m’acquitter de la charge du grand Jean-Baptiste ; et quoique je ne sois pas le précurseur, je viens cependant du désert. Le Christ reçoit donc le sacrement de l’illumination ; ou plutôt c’est lui qui nous illumine de son éclat. Le Christ est baptisé ; descendons, nous aussi, avec lui, pour monter également avec lui.
Cinquième leçon. Jean baptise, et Jésus vient à lui. Le Christ sanctifie assurément celui qui le baptise ; mais son but est plutôt d’ensevelir le vieil Adam dans les eaux, et, avant tout, de sanctifier par son baptême les eaux du Jourdain, afin que, comme il était esprit et chair, de même ceux qui seraient baptisés dans la suite, fussent sanctifiés par la vertu de l’Esprit et par l’élément de l’eau. Jean refuse, Jésus insiste. « C’est moi qui dois être baptisé par vous, dit Jean ». Le flambeau parle au Soleil, la voix au Verbe.
Sixième leçon. Jésus sort de l’eau, tirant en quelque sorte à sa suite et élevant avec lui le monde, (jusqu’alors) plongé dans l’abîme. Il voit le ciel, non se déchirer, mais s’ouvrir. Le premier Adam l’avait autrefois fermé pour lui-même et pour nous, comme il s’était vu fermer aussi le Paradis terrestre, dont un glaive de feu défendit l’entrée. L’Esprit-Saint rend témoignage : les similitudes et les rapprochements se trouvent en parfaite harmonie : le témoignage vient du Ciel, car il est descendu du Ciel, celui auquel l’Esprit rend témoignage.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
Septième leçon. Avant que le Sauveur vînt pour recevoir le baptême de Jean dans te Jourdain, le Précurseur le connaissait, comme il le marque par ces paroles : « Vous venez à moi pour être baptisé ; c’est moi qui dois être baptisé par vous. » Vous voyez qu’il connaissait le Seigneur, qu’il connaissait le Fils de Dieu. Comment prouvons-nous qu’il savait déjà que Jésus baptiserait dans le Saint-Esprit ? Avant que le Christ vînt au fleuve, plusieurs accouraient auprès de Jean pour être baptisés, et il leur dit : « Pour moi, je vous baptise dans l’eau ; mais celui qui vient après moi est plus grand que moi, je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure ; c’est lui qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et le feu. » Il savait déjà cela aussi.
Huitième leçon. Qu’est-ce que le précurseur a appris au moyen de la colombe ? Examinons-le, afin que, plus tard, il ne nous semble pas avoir été menteur [1], (ce que Dieu nous garde de penser). N’est-ce pas une certaine propriété devant exister dans le Christ, propriété en vertu de laquelle la sainteté du baptême, quoique beaucoup de ministres justes ou injustes dussent le conférer, serait attribuée à Jésus-Christ seul, sur qui est descendue la colombe et dont il a été dit à Jean : « C’est celui-là qui baptise dans l’Esprit-Saint » ? Que Pierre baptise, « c’est celui-là » qui baptise ; que Paul baptise, « c’est celui-là » qui baptise ; que Paul baptise, « c’est celui-là » qui baptise. Car si la sainteté du baptême est en proportion des mérites de ceux qui le confèrent, il y aura diversité de baptêmes comme il y a diversité de mérites, et chacun croira avoir reçu un sacrement d’autant meilleur, que le ministre en semblera plus méritant.
Neuvième leçon. Les saints eux-mêmes, (comprenez bien ceci, mes frères,) les bons appartenant à la colombe, à cette cité qui est la vraie Jérusalem, ces bons qui font partie de l’Église, et dont l’Apôtre a dit : « Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui », ont reçu des grâces différentes : tous n’ont pas les même mérites. Les uns sont plus saints que les autres, les uns meilleurs que les autres. Comment donc, par exemple, si l’un est baptisé par un ministre juste et saint, l’autre par un ministre inférieur en mérite devant Dieu, inférieur en élévation, en sainteté de vie, comment tous deux cependant reçoivent-ils une même et pareille grâce, une grâce égale, sinon parce que c’est « Celui-là qui baptise » ?