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Mardi Saint

L’introït de la messe de ce jour (qu'on retrouvera le jeudi saint) est magnifique. Comme il arrive quelquefois, l’antienne n’est pas un verset de psaume mais une phrase de saint Paul :

Nos autem gloriári oportet in Cruce Dómini nostri Iesu Christi : in quo est salus, vita et resurréctio nostra : per quem salváti et liberáti sumus.

Pour nous, il faut nous glorifier dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; c’est en lui qu’est notre salut, notre vie et notre résurrection ; c’est par lui que nous avons été sauvés et délivrés.

Et le psaume est le verset 2 du psaume 66 :

Deus misereátur nostri, et benedícat nobis : illúminet vultum suum super nos, et misereátur nostri.

Que Dieu ait pitié de nous et nous bénisse ; qu’il fasse briller son visage sur nous et qu’il ait pitié de nous.

La conjonction de ces deux textes a inspiré ce commentaire au bienheureux cardinal Schuster :

L’antienne d’introït est tirée, par exception, des épîtres de l’Apôtre (Galat., VI, 14). Loin d’être une source de déshonneur, le gibet de la Croix est pour le chrétien un titre de gloire, puisque c’est de là que, au moyen de Jésus-Christ, jaillit le salut, la vie et la résurrection. Suit le psaume 66 : « Que le Seigneur ait pitié de nous et nous bénisse ; qu’il fasse resplendir sur nous son visage et nous traite avec miséricorde. » C’est la plus belle prière qui se puisse élever de l’Église au divin Crucifié. Il voulut bien mourir au milieu des ténèbres de la nature terrifiée, devenu lui-même objet de malédiction de la part de l’ineffable sainteté de Dieu ; mais en même temps il nous regarde amoureusement de ses yeux de mourant ; et ces regards sont des étincelles et des rayons de vive et éclatante lumière éclairant toute la terre. La malédiction dont Il se charge sur le Calvaire, pour obéir au Père, mérite en notre faveur l’abondance des bénédictions divines, en sorte que Jésus crucifié est vraiment la lumière du monde et le gage de toute bénédiction. Que Jésus fasse donc resplendir continuellement son visage agonisant sur nos âmes, afin qu’il daigne se rappeler combien il a souffert pour nous et use de miséricorde envers nous. Quant à nous, voyant le visage de Jésus mourant, concevons une grande horreur pour le péché et un tendre amour pour notre Sauveur, disant avec Paul : Dilexit me et tradidit semetipsum pro me.

Et il y revient encore à la fin de son exposé sur la liturgie de ce jour :

Que le Seigneur fasse resplendir sur nous son visage et use envers nous de miséricorde ! Tel est le beau psaume messianique que l’Église, en ces jours, applique aux triomphes du Crucifié. En effet, c’est du haut du gibet d’infamie que Jésus, selon sa parole, élevé de terre, attire à soi toutes les âmes. C’est de la Croix qu’il tourne ses yeux mourants vers l’humanité qui, le long des siècles, défile devant lui — lui qui, selon le texte de saint Jean, est considéré dans les décrets divins comme immolé depuis le commencement du monde—et qu’il bénit tous ceux qui croient.

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D’autre part, la première lecture est un passage de Jérémie où se trouve, en plein milieu : « Mettons du bois dans son pain », phrase que j’évoquais mercredi dernier. Voici le commentaire qu’en fait dom Guéranger, qui s’inspire de saint Jérôme :

C’est encore une fois Jérémie qui nous fait entendre sa voix plaintive à l’épître. Il nous donne aujourd’hui les propres paroles de ses ennemis, qui ont conspiré de le faire mourir. Tout y est mystérieux ; et l’on sent que le Prophète est ici la figure d’un plus grand que lui. « Mettons, disent-ils, du bois dans son pain », c’est-à-dire : Jetons un bois vénéneux dans sa nourriture, afin de lui causer la mort. Tel est le sens littéral, quand il ne s’agit que du Prophète ; mais combien ces paroles s’accomplissent plus pleinement dans notre Rédempteur ! Sa chair divine est, nous dit-il, un Pain véritable descendu du ciel ; ce Pain, ce corps de l’Homme-Dieu, est meurtri, déchiré, sanglant ; les Juifs le clouent sur le bois, en sorte qu’il en est tout pénétré, en même temps que ce bois est tout arrosé de son sang. C’est sur le bois de la croix que l’Agneau de Dieu est immolé ; c’est par son immolation que nous sommes mis en possession d’un Sacrifice digne de Dieu ; et c’est par ce Sacrifice que nous participons au Pain céleste, qui est en même temps la chair de l’Agneau et notre Pâque véritable.

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L’évangile d’aujourd’hui est la Passion selon saint Marc.

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