Le Cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, émir de Dubaï, vice-président, Premier ministre et ministre de la Défense des Emirats arabes unis, avait annoncé lundi la création de deux secrétariats d’Etat dans le nouveau gouvernement en gestation :
- un secrétariat d’Etat au Bonheur, qui harmonisera la politique gouvernementale pour créer le bien social et la satisfaction du peuple, et promouvra une société vertueuse et fondée sur la famille ;
- un secrétariat d’Etat à la Tolérance, pour promouvoir la tolérance comme une valeur fondamentale des Emirats arabes unis.
L’organigramme du nouveau gouvernement vient d’être publié. Le Cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum (appelez-moi Cheikh Mohammed, ou même « Cheikh Mo » - on peut être le 5e souverain le plus riche du monde et rester simple), est toujours Premier ministre et ministre de la Défense, cela va de soi. Le secrétaire d’Etat à la Tolérance, septième nommé sur 29, est une femme : Cheikha Loubna bent Khalid ben Sultan al Qasimi, dûment voilée, et ce qui est curieux est qu’elle était jusqu’ici ministre du Commerce extérieur et qu’elle est la 42e femme la plus puissante du monde selon le classement Forbes. Le secrétaire d’Etat au bonheur, quant à lui, vient en 27e position, après trois secrétaires d’Etat sans affectation. C’est aussi une femme : Ouhoud bent Khalfan al Roumi, donc apparentée à Mariam Mohammed Khalfan al Roumi, qui était ministre des Affaires sociales et ne figure plus dans le gouvernement. Ouhoud bent Khalfan al Roumi est inconnue de Google. (Ce qui est curieux est ce nom al Roumi, qui veut dire littéralement le Romain, à savoir le chrétien…)
Autre innovation annoncée par Cheikh Mohammed : un Conseil national de la Jeunesse, dirigé par un secrétaire d’Etat, là encore une femme, Chamma bent Souhail Faris al Mazroui, 22 ans, également inconnue de Google, sans doute de la famille du ministre de l’Energie. Et comme le dit Cheikh Mohammed, « l’énergie de la jeunesse va alimenter (en anglais dans le texte : fuel) notre gouvernement à l’avenir ».
On remarquera le mot de « tolérance ». Il est assurément plus précis que le « bonheur » de l'autre nouveau secrétariat d’Etat. Dans les Emirats en effet on « tolère » les chrétiens. A condition qu’ils soient des travailleurs étrangers, indiens ou philippins. Et même on leur donne des terrains pour construire des églises. Et même de plus en plus grandes. A condition qu’on ne voie pas (au moins de loin) que ce sont des églises. Reste à Cheikh Mohammed à persuader ses voisins saoudiens d'adopter la même tolérance (laquelle ne s’applique évidemment pas au domaine politique, faudrait pas exagérer).
Commentaires
la tolérance de ces cheikhs doit venir de la fréquentation des banques suisses
dans le canton de Vaud, la même tolérance existe : les catholiques ont le droit d'avoir des églises à condition qu'elles n'aient pas de cloches et que les membres du clergé (catholique, bien sur) n'aient aucun signe distinctif
l'état, lui, entretient très bien la cathédrale depuis qu'elle est devenue un temple protestant, et on doit pouvoir en dire autant des petites églises romanes ou gothiques qui parsèment la campagne
contrairement aux Emirats, où les chrétiens sont tous des étrangers, il y a des suisses parmi les catholiques qui habitent le canton de Vaud
je parle du canton de Vaud parce que je le connait, mais la situation doit être la même dans toute la Suisse