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  • 15e dimanche après la Pentecôte

    Jésus, accompagné de ses apôtres et d’une grande foule, arrive à Naïm. Il croise un convoi funéraire, accompagné d’une grande foule de la ville.

    A Naïm, le grand cortège de la vie croise le grand cortège de la mort, pour que le grand cortège de la mort devienne le grand cortège de la vie.

    C’est pourquoi il y a un curieux effet de miroir, qui apparaît très clairement dans le texte grec. Il y est dit en effet que le jeune homme mort est υἱὸς μονογενὴς, yios monogenés, « fils monogène », or c’est une expression qui désigne le Christ, dans le prologue de saint Jean et dans la liturgie byzantine. C’est Jésus qui est le vrai Fils monogène du Père, qui va ressusciter le « fils monogène de sa mère ». Il prophétise ainsi sa propre résurrection, en même temps que la résurrection de tous ceux qui seront devenus fils dans le Fils, fils uniques dans le Fils unique.

    On pense à cet autre effet miroir, dans la parabole du bon Samaritain. Qui est mon prochain ? demande le docteur de la Loi. Qui est le prochain de l’homme blessé ? demandera Jésus : le prochain, c’est le Christ-Dieu.

    Il y a un mot identique dans les deux histoires : Jésus, à Naïm, comme le Samaritain sur la route de Jéricho, est « ému dans ses entrailles ». Le verbe σπλαγχνίζομαι, de σπλάγχνον, splanknon, les entrailles, est la traduction du mot hébreu rahamim, les entrailles de la mère, au sens figuré biblique : la miséricorde (et en arabe la miséricorde se dit rahma). La miséricorde divine. C’est Dieu qui est remué jusqu’au fond de ses entrailles par le malheur des hommes. C’est pourquoi il envoie son fils pour partager ce malheur et montrer qu’il y a une issue.

    Saint Luc utilise trois fois ce mot : lorsque le Samaritain voit l’homme blessé, lorsque Jésus voit le jeune mort de Naïm, lorsque le père voit revenir le fils prodigue : un résumé de l’évangile de saint Luc vu comme « évangile de la miséricorde ».

    Et dans le Benedictus, Zacharie a chanté « les entrailles de la miséricorde de notre Dieu », ce qui souligne l’origine hébraïque de l’expression, et le fait qu’elle désigne bien la miséricorde de Dieu.

    Saint Luc souligne encore la divinité du Christ en terminant son récit par la même expression, exactement identique, que celle qui se trouve à la fin du récit de la résurrection d’un enfant par Elie : καὶ ἔδωκεν αὐτὸν τῇ μητρὶ αὐτοῦ : « Et il le donna à sa mère. » Mais ce n’est pas Elie qui ressuscite l’enfant, c’est Dieu invoqué par Elie. Or c'est Jésus qui ressuscite le jeune homme en lui disant : Lève-toi (un mot qui exprime aussi la résurrection.) Donc Jésus est Dieu.

    C’est pourquoi c’est la première fois dans son évangile que saint Luc appelle Jésus « le Seigneur », avec l’article : « Le Seigneur (Dieu) l’ayant vue, fut ému dans ses entrailles (divines) », et ressuscita le jeune homme d’une seule parole, le commandement de la résurrection.