La première lecture de la messe est l’histoire de Suzanne, texte grec du livre de Daniel. La belle Suzanne, accusée d’adultère par deux juges aussi pervers que libidineux, est sauvée de la mort par le jeune Daniel qui met en évidence le mensonge de l’accusation.
L’évangile est celui de la femme réellement adultère, quoique elle aussi accusée par des pervers (qui ont trouvé un prétexte pour tendre un piège à Jésus), et qui est elle aussi sauvée de la mort, mais apparemment contre la Loi.
Comment le Fils de Dieu peut-il porter une sentence contraire à la Loi de Dieu ?
« Que celui d’entre vous qui est sans péché soit le premier à lui jeter la pierre. »
Il ne suffit pas d’appliquer la Loi. Celui qui l’applique doit être un juste juge, un juge juste (cf. Deutéronome 16,18-19, II Chroniques 19,6-7). Or les pharisiens qui ont amené la femme adultère sont des juges autoproclamés qui agissent non par souci de justice mais par haine de Jésus. Ils comprennent qu’ils sont démasqués, qu’ils ne peuvent rien répliquer, et ils s’en vont.
« Moi non plus, je ne te condamnerai pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
On ne peut que penser au sacrement de pénitence, à juste titre appelé aujourd’hui de réconciliation. « Ego te absolvo… Allez en paix. »
On peut remarquer que Jésus ne dit pas : « Qui suis-je pour juger ? » Il juge. Il prononce une sentence d’acquittement. Le tribunal de la confession est le seul tribunal où le coupable plaidant coupable soit assuré d’être acquitté, pour peu qu’il regrette son péché et qu’il ait le ferme propos de ne plus le commettre (ce qui est très généralement le cas si la démarche du pénitent est libre). Mais il ne peut y aller que s’il croit, s’il sait, qu’il s’agit d’un tribunal où il va être jugé par un juge qui a le pouvoir de l’absoudre. Sinon la démarche n’a aucun sens, et le pécheur reste dans son péché.
Commentaires
L'histoire de Suzanne ne figure qu'en grec dans le texte de Daniel. Elle est donc une partie deutérocanonique, non reconnue par les juifs et par les protestants. Mais elle pleinement reconnue par les orthodoxes, bien sûr, qui dépendent de la Septante et par notre Concile de Trente qui est normatif.
On sait que la péricope dite de la femme adultère (Jn 7, 53 - 8, 11) ne figure pas dans tous les manuscrits de saint Jean : ni dans les papyrus, ni dans le Sinaïticus, ni dans l'Alexandrinus, ni dans le Vaticanus, ni dans le Codex Ephrem, mais seulement dans le Codex Bezae et dans la tradition dite occidentale du texte.
ça n'empêche pas qu'elle puisse être authentique. Au terme d'une longue étude j'avais conclu qu'elle était tout à fait dans le style johannique, et tout à fait à sa place dans le récit johannique de la Fête des Tentes à Jérusalem.
Et pourquoi pas saint Luc ? C'est bien dans l'esprit de l'évangéliste de la miséricorde, de l'enfant prodigue...
http://codexbezae.perso.sfr.fr/comm/moix.html
Je connais les thèses de Sylvie Chabert d'Hyères. Je ne suis pas souvent d'accord avec elle. Je la trouve un peu trop absolue. Il m'est arrivé de correspondre avec elle. Mais, vous vous en doutez, cela a tourné court.
Sur ce point précis de la péricope de la femme adultère il faut avouer qu'il est difficile (pour moi) de parvenir à la certitude. Dans mon commentaire de l'évangile de saint Jean j'avais seulement conclu que son authenticité johannique était 'probable'. J'avais même terminé par ce mot. Je voulais dire en réalité : hautement probable.
Sans pouvoir reprendre à fond le problème, je vous fais seulement remarquer que les manuscrits f13 datent du XIIIe siècle, tandis que le Codex Bezae remonte au Ve siècle et que la Vetus latina est encore plus ancienne.
La thèse de notre amie Sylvie Chabert d'Hyères est donc peu vraisemblable (sans être impossible).
Il est certain que Jean, en composant son évangile, avait Luc sous les yeux et il y a des points de contact littéraire entre les deux évangiles. Les versets 7, 53 et 8, 1 de Jean sont une imitation de Luc 21, 37-38. Pas étonnant si quelques copistes du moyen âge ont placés à la suite de Luc les versets 8, 2-11 de Jean.
C'est par la péricope de la femme adultère qu'on sait que Jésus est arrivé dès l'aurore au Temple, lequel, on le sait, était orienté à l'Est. Tout de suite après la péricope Jésus dira, en regardant le soleil : "Moi, je suis la lumière du monde." (Jn 8, 12).
J'ai lu, en accord avec M. Daoudal, que dans des traductions très anciennes, cet épisode se trouvait en St Luc...
"L'histoire de Suzanne ne figure qu'en grec dans le texte de Daniel. (...) non reconnue par les juifs et par les protestants."
Primo : Nous n'avons que faire de l'opinion de mécréants patentés, les juifs, et d'hérétiques patentés, les protestants. Ce n'est pas à des mécréants et à des hérétiques patentés que nous demandons la permission de canonicité pour un iota de l'Ecriture Sainte, c'est à la seule Eglise Catholique que nous le demandons. Et que l'Epée de saint Michel Archange s'enfonce jusqu'à la garde dans la gorge de la Mécréance et de l'Hérésie, et que sous le pied de la Mère de Dieu se fracasse la tête du Serpent.
Secundo : Nous n'avons que faire si "ni dans les papyrus, ni dans le Sinaïticus, ni dans l'Alexandrinus, ni dans le Vaticanus, ni dans le Codex Ephrem, mais seulement dans le Codex Bezae et dans la tradition dite occidentale du texte" l'événement évangélique de la femme adultère n'est mentionné. Il suffit que l'autorité du Magistère universel le reçoive, ainsi que le contenu intégral des 4 évangiles canoniques, pour qu'il soit authentique et obligeant.
L'évangile semble rappeller le psaume 81 (Deus stetit).
Commentaire dans ce bréviaire français de 1965 : « Cet avertissement aux mauvais juges d'Israël vaut non seulement pour nos juges civils, mais encore pour ces juges du royaume de Dieu que sont les prêtres de l'Eglise. »
"L'histoire de Suzanne ne figure qu'en grec dans le texte de Daniel. (...) non reconnue par les juifs et par les protestants."
Primo : Nous n'avons que faire de l'opinion de mécréants patentés, les juifs, et d'hérétiques patentés, les protestants. Ce n'est pas à des mécréants et à des hérétiques patentés que nous demandons la permission de canonicité pour un iota de l'Ecriture Sainte, c'est à la seule Eglise Catholique que nous le demandons. Et que l'Epée de saint Michel Archange s'enfonce jusqu'à la garde dans la gorge de la Mécréance et de l'Hérésie, et que sous le pied de la Mère de Dieu se fracasse la tête du Serpent.
Secundo : Nous n'avons que faire si "ni dans les papyrus, ni dans le Sinaïticus, ni dans l'Alexandrinus, ni dans le Vaticanus, ni dans le Codex Ephrem, mais seulement dans le Codex Bezae et dans la tradition dite occidentale du texte" l'événement évangélique de la femme adultère n'est mentionné. Il suffit que l'autorité du Magistère universel le reçoive, ainsi que le contenu intégral des 4 évangiles canoniques, pour qu'il soit authentique et obligeant.
Tercio : Le mot "péricope" et son usage. C'est une terminologie qui doit toujours faire dresser l'oreille aux vigilants. Ce mot signifie en grec "découpage", et par conséquent "charcutage". Découpage de l'Ecriture Sainte en soi-disant unités indépendantes les une des autres, artificieusement isolées et considérées en soi, indépendamment de leur contexte, pour ensuite décider à loisir de leur authenticité ou de leur (soi-disant) non-authenciticité. Cette terminologie est plus que louche et dénote un état d'esprit déjà crypto-protestant (y compris chez des théologiens catholiques __ aux positions qui n'engagent qu'eux). Elle est le signe lexical d'une démarche toujours antispirituelle, rationalisante et doutante, qui entend se rendre maître et juge de la Parole de Dieu pour la réduire à un "en-soi" désacralisé, traitable comme toute autre donnée de n'importe quel domaine du savoir humain.
Dans leurs exégèses et leur science scripturaire, ni saint Augustin, ni saint Jérôme, ni saint Ambroise, ni saint Grégoire le Grand, Pères et Docteurs de l'Eglises, ne jargonnent et sophistiquent en "péricopes".
Et en ce qui concerne le passage (puisque vous ne voulez pas utiliser le terme 'péricope') de la femme adultère, saint Augustin précisément a une explication très plausible (et que je partage) du fait qu'il a été soustrait de certains manuscrits de l'évangile de Jean : ce serait par encratisme. On aurait craint en effet que ce passage justifie ou légitime abusivement l'adultère.
Le passage 7, 53 - 8, 11 aurait été supprimé très tôt de l'évangile de Jean : dès le premier manuscrit envoyé en Égypte. C'est pourquoi il ne figurerait pas dans la tradition alexandrine du texte qui provient de l’Égypte : papyri et grands onciaux du IVe siècle.
Il figure par contre dans la tradition occidentale : Vetus latina et Codex Bezae.
Mais du moment que vous citez un texte scripturaire avec des références : chapitre et verset, vous effectuez un découpage de l’Écriture Sainte. Le magistère le pratique couramment. Prenez n'importe quelle encyclique.
http://www.vatican.va/holy_father/john_xxiii/encyclicals/documents/hf_j-xxiii_enc_15051961_mater_fr.html
Non.
Le quadrillage par chapitres et versets est tout d'abord traditionnel. Il est de simple FORME, et pratique pour retrouver telle Parole, à telle ou telle page du volume qu'on a devant soi et qu'on veut lire.
C'est un simple balisage régulier et numérique, qui ne touche en rien le FOND, le SENS et le CONTEXTE, comme le fait le découpage en "péricopes". Ce dernier n'est pas traditionnel ; "péricope" appartient de manière éminente au jargon de l'école de la critique radicale, dite "historico-critique", dans le sillage positiviste des Renan, des Loisy, et plus récemment de Bultman, école dont Léon XIII avait scellé le sort __ bien qu'elle ait encore des épigones, conscients ou inconscients... __ avait scellé le sort par l'encyclique "Providentissimus Deus", et Pie X par la Constitution "Lamentabili".
Contrairement au quadrillage en chapitres et versets (mis en place entre le XIIIe et le XVIe siècle, quadrillage neutre et utile, d'ailleurs fait en des siècles de foi profonde), la notion de "péricopes", artificiellement isolantes, surgie __ tiens, quel hasard... __ dans l'ère des "maîtres du Doute' (Marx, Nietzsche, Freud...), vise quant à elle le FOND et le SENS, et entend en finalité "jouer" avec l'authenticité de la Parole.
Le découpage en versets et chapitres est tout autre chose; il ne vise pas à "jouer avec" le FOND et le SENS. D'ailleurs même les musulmans l'utilisent, sous d'autres dénominations, pour leur livre "coran".