On a beaucoup parlé du projet de Malte de vendre ses passeports 650.000€ pièce à qui le souhaitait. Finalement, devant les remontrances de Bruxelles, Malte a abandonné. Mais, dans la discrétion, cela se fait et se développe, en Bulgarie (parce que depuis le 1er janvier 2014 tout citoyen bulgare peut circuler et s’installer partout où il veut dans l’UE). Et pour beaucoup moins cher que dans le projet maltais. N’importe quel mafieux international, oligarque ou trafiquant de drogue ministre afghan ou titulaire d’un paquet de pétrodollars peut s’acheter la citoyenneté européenne pour beaucoup moins cher, sans même devoir justifier d’une quelconque présence sur le territoire bulgare, sinon entre deux avions pour y signer quelques papiers.
Avertis de l’absence de contrôles sérieux sur la délivrance des passeports bulgares, des journalistes du Telegraph ont enquêté, en se faisant passer pour les émissaires d’un homme d’affaires indien désireux d’obtenir la citoyenneté européenne. Ils ont ainsi demandé les conseils de deux entreprises. La plus importante est semble-t-il Arton Capital, qui a des bureaux à Sofia, Dubaï et Londres…
Arton Capital propose trois formules. Pour la première, le demandeur doit déposer 500.000 € dans une banque bulgare. Et la facture d’Arton sera de 60.000 €. Au bout de six mois, le demandeur reçoit un certificat de « résidence permanente » (à l’adresse à Sofia – virtuelle mais authentifiée par les autorités de l’immigration… – qu’Arton lui a fournie). Et au bout de cinq ans le demandeur devient citoyen bulgare, donc européen, et récupère ses 500.000 €.
Dans la deuxième formule, le demandeur emprunte 500.000 € à une banque bulgare, et paie 150.000 € d’intérêts d’avance (plus les 60.000 €). La citoyenneté bulgare est obtenue également en cinq ans. C’est la formule retenue par 85% des demandeurs.
Mais Arton a lancé à la fin de l’année dernière une nouvelle formule, plus simple, qui permet d’obtenir la citoyenneté bulgare en deux ans seulement pour la modique somme de 280.000 € tout compris.
L’autre cabinet est Tsvetkova Bebov & Partners. Là, les faux émissaires de l’Indien ont mis en avant un problème : l’homme d’affaires a déjà demandé la citoyenneté britannique, mais elle lui a été refusée à cause de ses condamnations pénales. On leur a répondu que ce n’était pas parce qu’il avait été refusé au Royaume Uni qu’il le serait automatiquement en Bulgarie… Car « l'une des conditions pour obtenir la citoyenneté bulgare est que l'individu n'ait pas été reconnu coupable d'un crime délibéré, sauf si l’individu a été réhabilité », ce qui selon la loi bulgare veut dire que cette personne « n’a pas été reconnue coupable d’un autre crime au bout d’un certain temps depuis sa condamnation »…