Jam noctis umbrae concidunt,
Dies cupita nascitur,
Qua virgini Scholastica
Sponsus perennis jungitur.
Brumae recedit taedium,
Fugantur imbres nubibus,
Vernantque campi siderum
Aeternitatis floribus.
Amoris auctor evocat,
Dilecta pennas induit ;
Ardens ad oris oscula
Columba velox evolat.
Quam pulchra gressum promoves,
O chara proles Principis !
Nursinus Abbas aspicit,
Grates rependit Numini.
Amplexa Sponsi dextera,
Metit coronas debitas,
Immersa rivis gloriae,
Deique pota gaudiis.
Te, Christe, flos convallium
Patremque cum Paraclito,
Cunctos per orbis cardines
Adoret omne saeculum. Amen.
Les ombres de la nuit disparaissent, le jour désiré se lève, auquel l’Époux éternel s’unit à la vierge Scholastique.
Le temps des frimas est passé, les nuages pluvieux ont disparu, les plaines du ciel s’émaillent de fleurs éternelles.
A l’appel du Dieu qui est amour, la bien-aimée déploie ses ailes ; conviée au baiser mystique, la colombe s’élance d’un vol rapide.
Que tu es belle dans ta marche triomphante, fille chérie du grand Roi ! L’œil de ton frère contemple ton départ ; son cœur rend grâces au Dieu éternel.
De sa droite l’Époux la presse sur son sein ; elle recueille les couronnes qui lui sont dues ; plongée dans un fleuve de gloire, elle s’enivre des joies divines.
O Christ, fleur des vallons, que tous les siècles vous adorent, avec le Père et le Paraclet, dans toute l’étendue de cet univers. Amen.
Hymne des laudes, traduction dom Guéranger. Dommage qu’il ait traduit « brumae tædium » par « temps des frimas », ne retenant rien de l’ennui, du dégoût, de « l’hiver pénible ». Et il est curieux de traduire « Nursinus Abbas », l’Abbé de Nursie, par « l’œil de ton frère »…
Cette hymne, comme les deux autres de l’office bénédictin de sainte Scholastique, est de dom Hugues Vaillant, très apprécié de Dom Guéranger qui en parle ainsi dans les Institutions liturgiques :
« Dom Hugues Vaillant, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, nous semble le premier homme de son siècle pour la composition liturgique. Nous citerons, en preuve de notre assertion, l'admirable office de sainte Gertrude, qui a été adopté successivement par l'ordre de Saint-Benoît tout entier. Il a composé pareillement l'office de saint Maur, qui est aussi d'une grande beauté, mais en usage seulement chez les bénédictins français. Dom Vaillant était tellement célèbre par le rare talent que Dieu avait mis en lui, qu'ayant composé, en 1666, un office de saint François de Sales, non seulement l'évêque d'Auxerre l'adopta pour son diocèse, mais l'archevêque de Narbonne lui-même l'établit dans les onze évêchés de sa province. »