Environ 100.000 chrétiens sont tués chaque année à cause de leur foi, a souligné Mgr Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège près les Nations Unies, à Genève lors de la 23e session du dialogue interactif entre le Conseil des droits de l’Homme et le Haut-Commissaire.
A ce nombre de morts s’ajoute bien d’autres plaies. Les chrétiens, dénonce Mgr Tomasi, sont contraints de tout quitter, de supporter la destruction de leurs lieux de prière ; ils subissent les viols et les enlèvements de leurs chefs comme récemment en Syrie avec les deux évêques orthodoxes. Le Proche-Orient, l’Afrique et l’Asie sont les régions ou les continents où se sont déroulées le plus de violations contre la liberté religieuse. Elles sont le « fruit du sectarisme, de l’intolérance, du terrorisme et de lois d’exclusion » a expliqué le représentant du Saint-Siège.
L’Europe, territoire où la présence chrétienne « fait partie intégrante de la société », n’est pas épargnée. « Une tendance émerge qui tend à marginaliser le christianisme dans la vie publique, à en ignorer l’apport historique et social et même à restreindre les capacités des communautés de foi à mener leurs œuvres sociales. »
Lundi, Mgr Toso, secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix, traitait de la même question à la conférence sur la tolérance et la non-discrimination de l’OSCE, à Tirana en Albanie.
Dix-sept siècles après la promulgation par l’empereur Constantin de l’édit de Milan (avril 313) qui mettait un terme aux persécutions visant les chrétiens dans l’empire romain, force est de constater, a-t-il souligné, que les « épisodes d’intolérance et de discrimination envers les chrétiens non seulement n’ont pas diminué mais ont augmenté » : les premières victimes des atteintes à la liberté religieuse sont les chrétiens.
« Il est souvent rappelé aux chrétiens, dans le débat public, (et de plus en plus dans les tribunaux), qu’ils peuvent croire tout ce qu’ils veulent dans leur maison ou dans leur tête, et qu’ils peuvent rendre leur culte comme ils le désirent dans leurs églises privées, mais qu’ils ne peuvent pas agir sur la base de ces croyances en public ». Il s’agit « d’une distorsion délibérée et d’une limitation de ce que signifie vraiment la liberté religieuse ». Ces limitations agissent dans deux domaines bien précis. Le premier est « l’intolérance envers le discours chrétien ». Le second concerne celui de la « conscience chrétienne », principalement dans le domaine professionnel. « Dans toute l’Europe, il existe de nombreux cas de chrétiens éloignés de leur lieu de travail seulement parce qu’ils ont cherché d’agir selon leur conscience. » Mgr Toso a également mentionné les profanations de lieux de culte.
Le Saint-Siège demande donc à l’OSCE que les discriminations envers les chrétiens, même là où ils représentent la majorité, « soient considérées comme une grave menace envers la société entière et qu’elles soient combattues de la même manière que le sont l’antisémitisme ou l’islamophobie ».