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L’Ascension

Dans la page des Actes des apôtres, il est tout d'abord dit que Jésus fut "élevé", et il est ensuite ajouté qu'"il a été enlevé" (assumptus). L'événement est décrit non pas comme un voyage vers le haut, mais plutôt comme une action de la puissance de Dieu, qui introduit Jésus dans l'espace de la proximité divine. La présence de la nuée qui le fit "disparaître à leurs yeux", rappelle une très ancienne image de la théologie vétérotestamenaire, et inscrit le récit de l'ascension dans l'histoire de Dieu avec Israël, de la nuée du Sinaï et au-dessus de la tente de l'alliance du désert, jusqu'à la nuée lumineuse sur le Mont de la Transfiguration. Présenter le Seigneur enveloppé dans la nuée évoque en définitive le même mystère exprimé par le symbolisme de "s'asseoir à la droite de Dieu". Dans le Christ élevé au ciel, l'être humain est entré de manière inouïe et nouvelle dans l'intimité de Dieu; l'homme trouve désormais pour toujours place en Dieu. Le "ciel", ce mot ciel, n'indique pas un lieu au dessus des étoiles, mais quelque chose de beaucoup plus fort et sublime:  il indique le Christ lui-même, la Personne divine qui accueille pleinement et pour toujours l'humanité, Celui en qui Dieu et l'homme sont pour toujours inséparablement unis. L'être de l'homme en Dieu, tel est le ciel. Et nous nous approchons du ciel, ou mieux nous entrons au ciel, dans la mesure ou nous nous approchons de Jésus et entrons en communion avec Lui. Aujourd'hui, la solennité de l'Ascension nous invite donc à une communion profonde avec Jésus mort et ressuscité, présent de manière invisible dans la vie de chacun de nous.

Dans cette perspective, nous comprenons pourquoi l'évangéliste Luc affirme que, après l'Ascension, les disciples revinrent à Jérusalem "remplis de joie". La cause de leur joie se trouve dans le fait que ce qui avait eu lieu n'avait pas été, en réalité, un détachement, une absence permanente du Seigneur:  ils avaient même au contraire désormais la certitude que le Crucifié-Ressuscité était vivant, et qu'en Lui les portes de Dieu, les portes de la vie éternelle avaient été pour toujours ouvertes à l'humanité. En d'autres termes, son Ascension ne signifiait pas son absence temporaire du monde, mais inaugurait plutôt la forme nouvelle, définitive et inextinguible de sa présence, en vertu de sa participation à la puissance royale de Dieu. C'est précisément à eux, aux disciples, enhardis par la puissance de l'Esprit Saint, qu'il reviendra d'en rendre perceptible la présence à travers le témoignage, la prédication et l'engagement missionnaire. La solennité de l'Ascension du Seigneur devrait nous combler nous aussi de sérénité et d'enthousiasme, précisément comme cela fut le cas pour les Apôtres, qui du Mont des Oliviers repartirent "remplis de joie". Comme eux, nous aussi, en accueillant l'invitation des "deux hommes vêtus de blanc", nous ne devons pas rester à regarder le ciel, mais, sous la direction de l'Esprit Saint, nous devons aller partout et proclamer l'annonce salvifique de la mort et de la résurrection du Christ. Ces paroles qui terminent l'Evangile de saint Matthieu nous accompagnent et nous réconfortent: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde".

Chers frères et sœurs, le caractère historique du mystère de la résurrection et de l'ascension du Christ nous aide à reconnaître et à comprendre la situation transcendante de l'Eglise, qui n'est pas née et qui ne vit pas pour suppléer l'absence de son Seigneur "disparu", mais qui trouve au contraire la raison de son être et de sa mission dans la présence permanente bien qu'invisible de Jésus, une présence agissant avec la puissance de son Esprit. En d'autres termes, nous pourrions dire que l'Eglise n'exerce pas la fonction de préparer le retour d'un Jésus "absent", mais, au contraire, elle vit et elle œuvre pour en proclamer la "présence glorieuse" de manière historique et existentielle.

Benoît XVI

Commentaires

  • Et pourtant...

    Ils L'ont vu, de leurs yeux vu, en chair et en os, littéralement s'élever à la verticale. Puis une nuée le déroba à leurs yeux, à partir d'une certaine distance géométrique.

    Et comme me la dit un jour, Mgr Elias Zoghby, Archevêque Melkite-Catholique de Baalbeck (Liban), grand intervenant durant le Concile Vatican II, répondant à ma question : "Monseigneur, où se trouve, en cet instant, le corps glorieux du Christ ressuscité ?"

    Sa réponse, littérale :
    "Quelque part dans l'espace cosmique. En chair et en os. Dans un état de gloire mais circonscrit dans ses 3 dimensions euclidiennes, tel que les Apôtres l'ont vu et touché après sa résurrection, et tel qu'ils l'ont vu s'élever dans les airs durant l'Ascension. Comme aussi lorsqu'il a mangé du poisson, avec les Douze, après sa résurrection, et comme lorsque Thomas a mis son doigt dans ses plaies ouvertes et glorieuses.
    De même, pour le corps de la Bienheureuse Vierge.

    Ce sont les deux seuls corps matériels, charnels et glorieux, qui sont en ce moment quelque part dans l'espace cosmique et dans les 3 dimensions euclidiennes. Entourés, eux deux seuls, des âmes des myriades de saints, dans l'attente de leur résurrection charnelle, exactement similaire à celle du Seigneur. Ces deux seuls corps glorieux, du Seigneur et de la Bienheureuse Vierge, sont également entourés de toutes les milices célestes. C'est dans ce même corps charnel et glorieux qu'Il reviendra pour le Jugement. Celui des vivants de la dernière génération, et celui des morts de toutes les générations depuis Adam. Pour renouveler aussi la Création entière, pour le Royaume de Dieu.

    "Un corps charnel, dans ses 3 dimensions euclidiennes". Cette expression de Mgr Zogby, je ne l'ai jamais oubliée.

    http://orthocath.wordpress.com/2011/06/30/rome-and-the-zoghby-initiative-new-translation-of-the-1997-letter/

    Le Pape a très bien fait, dans le 3e paragraphe que vous citez, de rappeler le caractère historique de cet événement inouï. Caractère historique, donc bien factuel, bien matériel, bien tangible, bien réel __ malgré tout son mystère qui dépasse notre entendement, tant que nous sommes de ce monde.

  • Si du moins les trois dimensions euclidiennes sont compatibles avec le fait que le corps du Christ apparaît et disparaît et se montre sous différentes apparences, reconnaissable ou pas.

  • Bravo et merci à Dranem !

  • A votre service.

  • Tout ce qui existe a été fait par le Dieu Verbe, qui s'est fait chair pour notre salut. Il est le Seigneur et le Maître de la nature, et le Seigneur et le Maître des lois qu'Il a données __ Lui, la Sagesse éternelle __ à cette nature.

    C'est pourquoi, parce que son Corps est bien réel et charnel, sa Personne s'inscrit, tout comme la nôtre, dans l'espace, cet espace qu'il a fait (Jn 1,3), et auquel Il a voulu donné des dimensions que les hommes, par la suite, ont appelées "euclidiennes".

    D'une part, qu'il apparaisse en chair et en os, au milieu des Douze au Cénacle __ "toutes portes étant closes" __ cela appartient à la condition glorieuse de son corps après la résurrection. Et d'autre part, qu'il cesse d'être visible à leurs yeux à d'autres moments, cela est aussi en son souverain pouvoir. Mais que ce corps charnel et glorieux ait cessé d'être visible à leurs yeux ne signifie nullement sa "désintégration", ou son "atomisation", ou (que sais-je...) son "évaporation". Il ne se "reconstruit" pas juste au moment d'être visible, et se "déconstruit" quand il devient invisible.

    Il a pris chair pour nous, pour notre salut, de manière irrévocable et à jamais : L'Incarnation n'a jamais cessé depuis qu'elle s'est accomplie de manière indicible dans le sein de la Vierge. Elle est à jamais. L'Union hypostatique ne se défait pas, ni la Communication des idiomes ne cesse. Ce corps, parfaitement charnel, peut cesser d'être visible, exactement comme il l'est en ce moment, et depuis l'Ascension, il n'en reste pas moins parfaitement existant et intègre dans sa chair.

    Son invisibilité temporaire, jusqu'à son retour dans la gloire, est parfaitement compatible avec sa perpétuelle matérialité corporelle, mais une matérialité corporelle possédant des prérogatives qui dépassent notre entendement, et qui seront d'ailleurs celles de tous les élus lors de la résurrection de la chair, un dogme fondamental de la foi de l'Eglise.

    C'est à nous tous d'ailleurs qu'il s'est adressé, en disant aux disciples : "
    Voyez mes mains et mes pieds. C'est bien moi. Touchez-moi et constatez. Car un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai. " (Lc 24,39)

  • Mais pourtant Jean 20,17 :
    Jésus lui dit: "Ne me touchez point, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père. Mais allez à mes frères, et dites-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu, et votre Dieu."

    Il est troublant que les disciples ne reconnaissent pas imméditament le corps de Jésus si c'est bien son corps physique qui leur apparait, il doit prouver par les stigmates comme si son visage n'était pas reconnaissable. On peut même dire que plusieurs fois il apparait comme un homme normal sans stigmates et qui ne ressemble pas au Christ :

    Luc 24,32 :
    Et eux de raconter ce qui (s'était passé) sur le chemin, et comment il avait été reconnu par eux à la fraction du pain.

    Jean 21,4 :
    Le matin venu, Jésus se trouva sur le rivage; mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus.

  • Vos trois citations ne contredisent en rien le corps charnel du Seigneur après la résurrection, corps dans un état glorieux, doué de propriétés que notre corps à nous, encore mortel, ne possède pas. Mais propriétés dont certaines peuvent être données par Dieu à ses saints dès cette vie ; exemple : la lévitation (S. Thomas d'Aquin, S. Joseph de Copertino ...), ou l'ubiquité (S. Padre Pio ..., etc.).

    Ce dont il ne faut pas douter, c'est de la réalité matérielle, charnelle, palpable avec les mains, du corps du Christ ressuscité.


    Par ailleurs, jamais l'Ecriture Sainte n'est en contradiction avec elle-même, d'un verset à l'autre.

    Chaque fois qu'il nous SEMBLE y déceler des données "contradictoires", la "contradiction" n'est toujours qu'apparente, venant de nous et de notre incapacité personnelle à comprendre exactement telle ou telle Parole de Dieu.

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