En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Encore un peu, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu, et vous me verrez, parce que je m’en vais auprès du Père.
En disant : « Encore un peu et vous ne me verrez plus, » il s’adresse à ceux qui le voyaient alors corporellement présent, et leur parle ainsi parce qu’il devait aller vers son Père, et qu’après son ascension ses disciples n’allaient plus le voir comme homme mortel, tel qu’ils le voyaient lorsqu’il leur disait ces choses. Mais quand il ajouta : « Et encore un peu et vous me verrez, » c’est à toute l’Église qu’il le promit ; comme c’est à toute l’Église qu’il a fait cette autre promesse : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation du siècle ».
Le Seigneur ne retardera pas l’accomplissement de sa promesse : encore un peu et nous le verrons, mais dans un état où nous n’aurons plus rien à demander, où nous n’aurons plus à interroger sur rien, parce qu’il ne nous restera rien à désirer, ni rien de caché à apprendre. Ce peu de temps nous paraît long, parce qu’il dure encore ; mais lorsqu’il sera fini, nous comprendrons combien il était court. Que notre joie ne ressemble donc pas à celle du monde, dont il est dit : « Mais le monde se réjouira » ; et néanmoins, pendant l’enfantement du désir de l’éternité, que notre tristesse ne soit pas sans joie ; montrons-nous, comme dit l’Apôtre : « Joyeux par l’espérance, patients dans la tribulation ». En effet, la femme qui enfante, et à laquelle nous avons été comparés, éprouve plus de joie à mettre au monde un enfant, qu’elle ne ressent de tristesse à souffrir sa douleur présente.
Saint Augustin