Le nom complet de ce jour est « in albis deponendis » : le samedi où les nouveaux baptisés devaient « déposer » le vêtement blanc dont ils avaient été revêtus la nuit de Pâques. Ils doivent redonner le vêtement, mais garder la pureté de l’âme. En fait, c’est le Christ qu’ils ont revêtu par le baptême, et ils doivent vivre de cette vie baptismale. L’antienne de la communion est le verset de l’épître aux Galates qui le rappelle, et qui remplace aux grandes fêtes, dans liturgie byzantine, l’Aghios o Theos : « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ, alléluia. »
Le début du deuxième chapitre de la première épître de saint Pierre a été choisi parce qu’il commence par « Deponentes » : vous qui déposez ; mais ce que les néophytes déposent ici, c’est toute malice, toute ruse et dissimulation, et envie, et toute médisance… précisément parce que c’est le Christ qu’ils ont revêtu.
C’est le texte qui se termine par cet admirable propos dont le concile Vatican II a extrait la moelle : « Vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière : vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas reçu miséricorde, mais qui maintenant avez reçu miséricorde. »
Il est curieux de constater que l’évangile (qui est le passage qui précède celui qui a été lu avant-hier), parle aussi de vêtement. Du vêtement funéraire du Christ. Mais de façon très étrange. En effet, les synoptiques parlent du linceul, apporté par Joseph d’Arimathie, dans lequel le corps du Christ est enveloppé. Saint Jean est connu pour donner souvent des détails plus précis que les synoptiques. Or ici, alors que l’on identifie si facilement le linceul avec le linge vénéré à Turin, saint Jean nous parle de bandelettes. Du moins a priori. Le fait est qu’il emploie un mot qui normalement évoque des bandes de tissu, et non un linceul, et qu’il parle en outre du suaire qui était sur le visage. Et pourtant cet évangile est celui où saint Jean, entré dans le tombeau après saint Pierre, dit qu’il « vit, et il crut ». Il vit les linges, et il crut en la résurrection. On ne comprend pas pourquoi. Sauf si. Sauf si il a vu le Linceul affaissé, le Linceul qui avait contenu le corps du Christ, Linceul qui était resté intact mais qui ne contenait plus le corps du Christ. Comme le montre clairement l’icône traditionnelle des saintes femmes au tombeau. Qui montre également non un « suaire », mais la mentonnière qu’on mettait au défunt, à part du Linceul. Et alors les « bandelettes » dont parle saint Jean seraient les bandelettes qui entouraient le Linceul pour le fixer sur le corps (ce que montre souvent l’icône). Et seraient d’une façon générale « les linges », parmi lesquels saint Jean n’aurait pas osé parler spécifiquement de cet incroyable Linceul qui a contenu un mort et qui est resté intact après la résurrection du mort…
Commentaires
Avez-vous vu le film "La Passion du Christ" de Mel Gibson ? Il y a cette dernière scène sur la Résurrection : Mel Gibson s'inspire sans doute de récits de révélations privées (A.C. Emmerich) pour filmer le linceul qui s'affaisse sur lui-même.
http://www.youtube.com/watch?v=qKSe9PE002o
Le Christ avec son corps ressuscité serait littéralement passé à travers le linceul sans dénouer ni déchirer les bandelettes, selon la propriété "subtile".
Saint Thomas donne quatre propriétés au corps ressuscité :
- il est impassible (fini sa corruption),
- il est agile (se déplace à volonté),
- il est subtile (passe à travers les obstacles),
- il est lumineux (il révèle sans obstacle nos âmes).
En conclusion : on peut faire le même acte de foi que l'apôtre St Jean à la vue du linceul posé là.
Ceci n'ayant que valeur d'hypothèse, je ne suis pas théologien. :-)
analyse du Père Gallez, qui va dans le même sens : http://eecho.fr/le-mystere-du-tombeau-vide/#.UWBu7ipJXJI