En ce moment, tout nous convie au deuil. Sur l’autel, la croix elle-même a disparu sous un voile sombre ; les images des Saints sont couvertes de linceuls ; l’Église est dans l’attente du plus grand des malheurs. Ce n’est plus de la pénitence de l’Homme-Dieu qu’elle nous entretient ; elle tremble à la pensée des périls dont il est environné. Nous allons lire tout à l’heure dans l’Évangile que le Fils de Dieu a été sur le point d’être lapidé comme un blasphémateur ; mais son heure n’était pas venue encore. Il a dû fuir et se cacher. C’est pour exprimer à nos yeux cette humiliation inouïe du Fils de Dieu que l’Église a voilé la croix. Un Dieu qui se cache pour éviter la colère des hommes ! Quel affreux renversement ! Est-ce faiblesse, ou crainte de la mort ? La pensée en serait un blasphème ; bientôt nous le verrons aller au-devant de ses ennemis. En ce moment, il se soustrait à la rage des Juifs, parce que tout ce qui a été prédit de lui ne s’est pas encore accompli. D’ailleurs ce n’est pas sous les coups de pierres qu’il doit expirer ; c’est sur l’arbre de malédiction, qui deviendra dès lors l’arbre de vie. Humilions-nous, en voyant le Créateur du ciel et de la terre réduit à se dérober aux regards des hommes, pour échapper à leur fureur. Pensons à cette lamentable journée du premier crime, où Adam et Ève, coupables, se cachaient aussi, parce qu’ils se sentaient nus. Jésus est venu pour leur rendre l’assurance par le pardon : et voici qu’il se cache lui-même ; non parce qu’il est nu, lui qui est pour ses saints le vêtement de sainteté et d’immortalité ; mais parce qu’il s’est rendu faible, afin de nous rendre notre force. Nos premiers parents cherchaient à se soustraire aux regards de Dieu ; Jésus se cache aux yeux des hommes ; mais il n’en sera pas toujours ainsi. Le jour viendra où les pécheurs, devant qui il semble fuir aujourd’hui, imploreront les rochers et les montagnes, les suppliant de tomber sur eux et de les dérober à sa vue ; mais leur vœu sera stérile, et « ils verront le Fils de l’homme assis sur les nuées du ciel, dans une puissante et souveraine majesté »
Dom Guéranger
Commentaires
C'est le 3e dimanche qu'à ma paroisse (parisienne) l'Evangile est différent des autres pour raisons de catécumènes et de foi nous dit-on.
Je suis allé sur le parvis de l'église demander à mon Curé qui a pris cette décision étant donné que chaque année il y a des baptêmes et la Foi.
Sa réponse est celle-ci : les Curés ont le droit (la légitimité) de prendre les lectures de l'année "A" pendant le Carême. (Aujourd'hui ce fut la résurrection de Lazare, alors que L'Evangile au Quotidien ainsi que Radio Notre Dame ont la femme adultère).
D'autre part l'Archevêque a aussi le droit légitime de changer les lectures. Mgr Vingt-Trois a pris cette décision pour son diocèse de Paris pour toute l'année de la Foi promulguée par Sa Sainteté le pape émérite Benoit XVI. Donc il a décidé que ce serait l'année "A" pour toute l'année.
Entre nous, les évangiles "B" et "C" sont autant pour le baptême et la foi. Mais enfin, je ne suis qu'un fidèle du bout du banc. Je ne vois pas de quelle manière c'est mieux, sauf d'être différents des autres et de perdre son temps à chercher ...
Au fait, je n'ai pas pensé à demander si cela concernait toutes les lectures de la semaine, car je continue à les lire sur le Salon Beige.
La polémique enfle et se fait de plus en plus dure. Non pas entre "les Juifs" et Jésus. Mais entre la plus grande partie de la société des Pharisiens (cependant certains d'entre eux, sont favorables à Jésus) et les disciples et le Christ, Lui-même. Le peuple, lui est est favorable à Jésus. C'est pourquoi l'expression "la foule des Juifs" ne doit pas être comprise comme représentant tous les Juifs.
Les Pharisiens et leurs partisans en viennent aux menaces de mort, ils tentent même de tuer. Ils ne le font pas pour des raisons crapuleuses, mais par piété dévoyée, par passion religieuse (qu'ils pensent religieuse). La colère les submerge, submerge leur raison, ils tiennent un blasphémateur ! Ils vont faire leur devoir !
Chers anti-pharisiens de première ligne, je vais encore vous scandaliser ! Mais je vais pourtant l'écrire : ces gens me font pitié. Les Pharisiens me font pitié car ils ne sont pas des vauriens ("loin de là" comme écrira saint Paul), ils ne sont pas des pervers, ils sont des passionnés et des passionnés de religion, de vérité. Le passionné gâte tout.
Seule la miséricorde nous sauvera.
"Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis, peccatoribus, nunc et in hora mortis nostræ. Amen"