On fait ici ou là grand cas d’un article du quotidien israélien Maariv indiquant que les efforts déployés par les Israéliens en vue de pousser les pays européens à placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes « ont échoué ». Et que cet échec est dû à la France, qui craint toute décision qui risque de déstabiliser un pays assez fragilisé, et, surtout, de porter atteinte aux intérêts des acteurs modérés de la scène libanaise. Et le quotidien ajoute que la France va même plus loin en préconisant un dialogue avec le Hezbollah, « un mouvement politique important qui continue d’avoir une influence majeure au sein de plusieurs institutions de l’État ».
Ici, quand on dit « la France », il s’agit tant de celle de Sarkozy que celle de Hollande.
Quand le gouvernement français fait remarquer que le Hezbollah est « un mouvement politique important qui continue d’avoir une influence majeure au sein de plusieurs institutions de l’État », c’est un euphémisme diplomatique qui prend en compte les apparences. En fait, le gouvernement libanais actuel dépend entièrement du Hezbollah. Mettre sur une liste de mouvements terroristes une organisation qui dirige un pays implique, si l’on ne participe pas de la monstrueuse hypocrisie anglo-saxonne, que l’on aille immédiatement porter la guerre dans ce pays pour le libérer de l’organisation en question. Ou du moins que l’on fasse vigoureusement pression sur l’ONU pour que l’ONU reconnaisse le Hezbollah comme terroriste et appelle à son éradication.
Tout le monde s’accorde évidemment pour dire qu’il n’en est pas question. D’ailleurs Israël a essayé, en 2006, et on a vu le résultat.
Le principal résultat ayant été, du reste, non pas que la fameuse et invincible armée israélienne, personnifiée sous le nom de Tsahal, ait été humiliée, mais que le peuple libanais tout entier s’est retrouvé derrière le Hezbollah : 80% des chrétiens, 80% des druzes, et 86% des sunnites, soutenaient le Hezbollah chiite. Autrement dit, si le Hezbollah est aux commandes, c’est en grande partie grâce à Israël. Et si c’était Israël, l’Etat terroriste ?