Dans sa catéchèse d’hier, le pape a repris des éléments des pages 46 à 49 de son livre L’enfance de Jésus. Mais le propos n’est pas tout à fait le même : ici il se concentre davantage sur la salutation de l’Ange à Marie, et l’on ne peut que conseiller d’imprimer cette catéchèse et de la glisser dans le livre.
Benoît XVI avait remarqué que l’Ange saluait la Vierge en grec : Χαῖρε (Khairè), ce qui était le salut banal quand deux personnes se rencontraient, mais que le sens originel du mot était « Réjouis-toi », et qu’il y avait ici en effet l’annonce de la joie (celle dont parleront les anges à Bethléem).
Il avait remarqué que l’on trouve déjà ce « Khairè ! », réjouis-toi, dans la prophétie de Sophonie, 3, 14, joie qui annonce la rédemption par la venue du Seigneur au sein de la fille de Sion. Dans sa catéchèse, il ajoute trois autres références (de la Bible grecque), mais sans les citer, à cette joie qui annonce la venue du Christ. Les voici. Joël 2, 21 : « Réjouis-toi et tressaille d'allégresse, parce que le Seigneur se glorifie de faire. » Zacharie 9, 9 : « Réjouis-toi très fort, fille de Sion, annonce à haute voix, fille de Jérusalem. » (C’est la prophétie des Rameaux, qui continue ainsi : « Voici que ton roi vient à toi, juste et sauveur, plein de douleur, il est monté sur un âne, et sur un ânon petit de l’ânesse. ») Lamentations de Jérémie, 4, 21 : « Réjouis-toi, fille d’Idumée, qui habites la terre : la coupe du Seigneur va passer à toi, tu seras ivre et tu épancheras. »
Dans la catéchèse, il poursuit : « Le salut de l’ange à Marie est donc une invitation à la joie, à une joie profonde ; il annonce la fin de la tristesse qui existe dans le monde devant les limites de la vie, la souffrance, la mort, la méchanceté, les ténèbres du mal qui semble obscurcir la lumière de la bonté de Dieu. C’est une salutation qui marque le début de l’Evangile, de la Bonne Nouvelle.
« Mais pourquoi Marie est-elle ainsi invitée à se réjouir ? La réponse se trouve dans la seconde partie de la salutation : Le Seigneur est avec toi. »
Dans son livre, Benoît XVI signale seulement le lien entre joie et grâce établi par la salutation angélique : Χαῖρε, κεχαριτωμένη, Khairè, kekharitoménè : le second mot est le participe parfait du verbe qui veut dire remplir de grâce. La grâce, c’est kharis, mot de même racine que khara, la joie, souligne le pape (en fait, même kharis peut vouloir dire la joie). Dans sa catéchèse il ajoute :
« Dans cette expression aussi, on perçoit encore plus clairement la source de cette joie de Marie : la joie provient de la grâce, elle vient donc de la communion avec Dieu, de la connexion vitale qu’elle a avec lui, du fait qu’elle est la demeure de l’Esprit Saint, totalement modelée par l’action de Dieu. Marie est la créature qui a, de manière unique, ouvert grand les portes à son Créateur, elle s’est remise entre ses mains, sans limites. Elle vit entièrement de et dans la relation avec le Seigneur. (…) »