La recherche « de la charité parfaite » par les conseils évangéliques : ce décret est donc « sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse », selon la traduction française due au « secrétariat de la commission conciliaire des religieux ». En fait le latin dit « de accomodata renovatione vitæ religiosæ » : de la rénovation appropriée de la vie religieuse. L’accent n’est pas tout à fait le même.
La rénovation dont il est question, ici comme ailleurs, est une « restauration », et non, comme on le verra après le concile, une destruction au nom d’une « adaptation » au monde moderne :
« Le bien même de l’Église demande que les instituts aient leur caractère et leur fonction propres. C’est pourquoi on mettra en pleine lumière et on maintiendra fidèlement l’esprit des fondateurs et leurs intentions spécifiques de même que les saines traditions, l’ensemble constituant le patrimoine de chaque institut. »
Il est ensuite précisé que « les meilleures adaptations aux exigences de notre temps ne produiront leur effet qu’animées par une rénovation spirituelle ». Et la rénovation spirituelle, ce n’est pas se rendre aux exigences du monde moderne, ce n’est pas non plus croire qu’on va être plus efficace en multipliant les réunions pour mettre au goût du jour les statuts et les règles, même si certains textes doivent être revus : « On se souviendra que l’espoir d’une rénovation doit être mis dans une observance plus consciencieuse de la règle et des constitutions, plutôt que dans la multiplicité des lois. »
Le décret passe ensuite en revue les différentes sortes de vie religieuse, soulignant à chaque fois que la rénovation consiste avant tout à être fidèle à la vocation initiale de chacune de ses formes. Puis il rappelle le sens de la chasteté, de la pauvreté et de l’obéissance.
Puis on tombe sur ceci :
« L’habit religieux, signe de la consécration à Dieu, doit être simple et modeste, à la fois pauvre et décent, adapté aux exigences de la santé et approprié aux circonstances de temps et de lieux ainsi qu’aux besoins de l’apostolat. On modifiera l’habit soit masculin soit féminin qui ne correspond pas à ces normes. »
On constate qu’il n’est pas demandé, ni suggéré, d’abandonner l’habit religieux. Bien au contraire, cette recommandation sur l’adaptation de l’habit religieux (qui était en effet parfois extravagant ou désuet) suppose qu’on garde impérativement un habit religieux. Tous les instituts qui ont supprimé l’habit religieux l’ont fait contre cette disposition explicite du concile.
Au chapitre des adaptations, le texte souligne que les instituts religieux pourront employer des moyens nouveaux et abandonner « les œuvres qui ne correspondent plus aujourd’hui à leur esprit et à leur nature véritable » Mais, est-il immédiatement ajouté, « il faut absolument conserver dans les instituts religieux l’esprit missionnaire et, compte tenu du caractère de chacun d’eux, l’adapter aux conditions actuelles pour que l’Évangile soit proclamé plus efficacement parmi tous les peuples ».
Cette insistance sur la fonction missionnaire de l’Eglise, omniprésente dans les textes de Vatican II, est aux antipodes du prétendu esprit du concile qui visait à détruire les missions au nom d’une liberté religieuse volontairement mal comprise.