Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Notules sur un concile (23) "Optatam totius"

Après le décret sur la vie des prêtres vient le décret sur la formation des prêtres.

Le titre n’est pas compréhensible hors contexte. Ce qui est « souhaité » (optatam), c’est le renouveau de « toute » l’Eglise (totius). Et ce renouveau, dit la première phrase, « dépend pour une grande part du ministère des prêtres animé par l’Esprit du Christ ».

Logiquement, on commence par « le devoir de cultiver les vocations ». Ici a été ajoutée un note : « Parmi les principales peines qui affligent aujourd’hui l’Eglise, presque partout domine le nombre trop réduit des vocations », et il y a une référence à Pie XII qui s’en plaignait déjà en 1950. Que dirait-il aujourd’hui…

Cultiver les vocations, rappelle le décret, revient à toute la communauté chrétienne, et spécialement aux familles et aux paroisses, sous l’incitation des évêques.

Cela passe par tous les moyens traditionnels (prière, pénitence, formation, prédication, catéchèse…) mais « également par les divers moyens de communication sociale ». Ce qui est vrai. Le problème, c’est quand on voit tel ou tel diocèse, ou la conférence épiscopale, lancer des campagnes médiatiques pour les vocations où il n’est question ni de Dieu ni de la messe mais d’une sorte d’emploi d’agent du vivre-ensemble… Est-ce à cause de ce qui suit : « On ne négligera aucun des moyens que les sciences psychologiques et sociologiques d’aujourd’hui ont utilement fait connaître » ? Et des « sciences » psychologiques et sociologiques on est même passé à la « science » du marketing et de la publicité, sans se rendre compte qu’on se servait d’instruments de plus en plus éloignés de l’Evangile du Christ…

Il est ensuite question des petits séminaires, « érigés pour cultiver les germes de vocation », dans lesquels « les élèves seront préparés à suivre le Christ rédempteur avec générosité d’esprit et pureté de cœur, grâce à une formation religieuse spéciale, et en premier lieu par une direction spirituelle adaptée ». On sait qu’en application du concile les petits séminaires, qui étaient nombreux, furent tous… supprimés. Du moins chez nous. Et qu’aujourd’hui les rares évêques qui tentent d’en rouvrir doivent les appeler autrement pour ne pas attirer sur eux l’opprobre de leurs confrères…

Quant aux grands séminaires, on ne les a pas (tous) supprimés, mais ce qu’on y a fait après le concile ne correspondait guère à ce que demandait Optatam totius. Au point qu’on a pu dire, dans les années 80, que le seul séminaire conforme à l’enseignement du concile était celui de Mgr Lefebvre à Ecône (1)…

C’est qu’il n’y a rien de nouveau dans ce que prône le décret. Tout ce qui est dit de la formation spirituelle et doctrinale du séminariste tombe sous le sens. Evidemment, cela implique par exemple que les séminaristes « acquerront la connaissance de la langue latine qui leur permettra de comprendre et d’utiliser les sources de tant de sciences et les documents de l’Église ». En vertu de quoi on n’enseigna plus le latin dans les séminaires. Après le motu proprio Summorum pontificum de Benoît XVI il y eut une intense activité (qui se poursuit) pour permettre aux prêtres qui le souhaitaient d’apprendre à célébrer la messe de saint Pie V. Je me demandais ce qui pouvait bien être si compliqué… J’appris alors avec stupéfaction, naïf que je suis, que les prêtres ne savent plus un mot de latin… Ils ne savent rien de la langue de leur mère… Ils sont incapables de goûter les psaumes et les hymnes de l’office divin, les oraisons de la messe, incapables de lire dans le texte une page de saint Augustin ou un article de saint Thomas d’Aquin. C’est effrayant d’être ainsi tributaire des traductions, surtout quand on connaît les défauts, voire les colossales erreurs, des traductions… Mais ils ne peuvent pas connaître ces défauts… Et de toute façon tous ces trésors ont été jetés aux poubelles de l’histoire : il est bien suffisant, pour un apostolat moderne, de lire La Vie et La Croix

Et quand on sait à quel point la liturgie a été détruite (et d’abord méprisée, et bien avant le concile) dans les séminaires, c’est avec un gros pincement au cœur qu’on lit : « La sainte liturgie, qui doit être tenue pour la source première et nécessaire de l’esprit authentiquement chrétien, sera enseignée conformément aux articles 15 et 16 de la constitution sur la sainte liturgie. » Ces articles sont ceux qui disent que les maîtres de liturgie des séminaires doivent être « dûment préparés à leur fonction dans des instituts spécialement destinés à cette tâche », et que l’enseignement de la liturgie dans les séminaires « doit être placé parmi les disciplines nécessaires et majeures ».

Au chapitre de la formation pastorale des séminaristes, on notera qu’il faut leur apprendre à utiliser « l’apport des disciplines pédagogiques, psychologiques et sociologiques ». Il semble que quelqu’un au concile fut préposé à ne pas oublier d’insérer dans tous les documents, et plutôt deux fois qu’une, cette psychologie et cette sociologie qui étaient tellement à la mode dans le monde…

........

(1) Ce qui n’est pas entièrement vrai, dans la mesure où, par exemple, on n’enseignait sans doute pas à Ecône le mystère de l’Eglise selon Lumen gentium.

Les commentaires sont fermés.