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Notules sur un concile (20) "Christus Dominus" (1)

Le « décret sur la charge pastorale des évêques dans l’Eglise » est censé être en quelque sorte le décret d’application du chapitre 3 de Lumen gentium. Le préambule répète ce qui a déjà été dit dans Lumen gentium. On remarquera toutefois que c’est une habile synthèse de l’enseignement tant de Vatican I que de Vatican II sur l’Eglise, ce qui intègre la constitution de Vatican I à la tradition (il n’y a pas de coquille, je dis bien : Vatican I).

Le chapitre premier commence par reprendre l’enseignement de Lumen gentium sur la collégialité, en citant largement le texte. Etait-ce bien nécessaire ? On ajoute que par conséquent « le concile décide » que « tous les évêques, en qualité de membres du collège épiscopal, ont le droit de participer au concile œcuménique ». Dans le genre enfonçage de portes ouvertes…

Puis on en vient enfin à ce qui est une vraie conséquence pratique de la doctrine de la collégialité : l’institution du Synode des évêques :

« Des évêques choisis dans les diverses régions du monde, selon des modes et des normes établis ou à établir par le Pontife romain, apportent au Pasteur suprême de l’Église une aide plus efficace au sein d’un conseil, qui a reçu le nom de Synode des évêques. Et du fait qu’il travaille au nom de tout l’épiscopat catholique, ce Synode est en même temps le signe que tous les évêques participent en une communion hiérarchique au souci de l’Église universelle. »

Le décret Christus Dominus sera signé et promulgué le 28 octobre 1965. Le motu proprio par lequel Paul VI institue le Synode des évêques a déjà été publié, dès le 15 septembre…

C’est une innovation importante, et qui va désormais rythmer la vie de l’Eglise. Car il y aura une assemblée ordinaire du synode tous les trois ou quatre ans en général. La XIIIe, sur « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne », vient de se tenir, en même temps que le début de l’année de la foi et le 50e anniversaire du début du concile. Il y a aussi des assemblées générales extraordinaires (il y en a eu deux, la dernière en 1985 pour le 20e anniversaire de la conclusion de Vatican II) et des assemblées spéciales : la dernière en date, la 10e, en octobre 2010, fut sur le Proche Orient.

Les assemblées du synode permettent de manifester au monde la visibilité de l’Eglise. L’Eglise existe, elle a quelque chose à dire. Surtout, elle est la mise en œuvre de la collégialité. Au synode, comme dans les conciles, la parole est libre. Chaque participant intervient (ou non) en séance plénière comme il l’entend. Puis le synode élabore une série de propositions, qui sont remises au pape. Et celui-ci élabore ensuite une exhortation apostolique sur le thème du synode. Exhortation qui est une subtile alchimie entre les propositions du synode, soigneusement élaguées et recadrées, et la pensée du pape. L’exhortation apostolique est une sorte d’encyclique synodale où le collège des évêques est présent dans un texte du pape. Et c’est un exercice tout particulier d’herméneutique de la réforme dans la continuité…

Le décret rappelle ensuite que les évêques doivent avoir le souci de toutes les Eglises, notamment dans les terres de mission, et souligne qu’ils doivent entourer d’un cœur fraternel les évêques persécutés et emprisonnés. Où cela, des évêques persécutés, dans les années 60 ? On a bien une idée, mais le concile ne le précise pas…

Ensuite les évêques s'expriment en quelque sorte à la première personne pour demander une réorganisation des dicastères romains, qui devraient recruter dans le monde entier, et des évêques diocésains, et « entendre davantage les laïcs ».

Le long chapitre II évoque d’abord la charge d’enseignement des évêques. On y lit par exemple que les évêques « veilleront à ce que l’enseignement catéchétique (…) soit transmis avec un soin attentif aux enfants et aux adolescents, aux jeunes et même aux adultes » Quand on sait comment les évêques, chez nous (et pas seulement, hélas), ont détruit l’enseignement catéchétique et empêché tout enseignement catéchétique digne de ce nom… (1)

On lit ensuite que « les évêques sont les principaux dispensateurs des mystères de Dieu, comme ils sont les organisateurs, les promoteurs et les gardiens de toute la vie liturgique dans l’Église qui leur est confiée ». Hélas. On sait ce que trop d’entre eux ont fait de cette responsabilité. Là encore, ce fut une destruction. Mais enfin il reste ce que dit le concile, et qui les condamne.

En ce qui concerne leur « charge de gouverner et de paître », on constate dans le texte une massive contamination du monde. Pour que les évêques puissent agir de façon plus adaptée au bien des fidèles, nous dit-on, ils doivent employer « les méthodes appropriées, particulièrement l’enquête sociologique ». L’enquête « sociale », corrige le texte du site du Vatican. Mais la différence est mince, d’autant que peu après on revient à la charge : pour les diverses formes d’apostolat, « on utilisera beaucoup les enquêtes sociales et religieuses, réalisées par des instituts de sociologie pastorale ».

On imagine saint Paul faisant appel aux sociologues de Corinthe et d’Ephèse, et saint Pierre faisant jouer un panel d’instituts de sociologie de Rome…

(1) A la fin du décret on note la décision de créer un « directoire sur l’enseignement catéchétique du peuple chrétien ». Ce directoire sera créé en… 1997.

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