Extrait d’un article du New York Times.
Mugar Isarescu, le gouverneur de la Banque nationale de Roumanie, a déclaré dans une interview que le maintien de sa propre monnaie avait donné à la Roumanie la possibilité de fixer les taux d’intérêt, de contrôler les liquidités et de permettre à la monnaie de se déprécier pour aider à maîtriser le déficit. Comme ils ne peuvent pas contrôler leur politique monétaire, a-t-il noté, les pays de la zone euro comme la Grèce sont obligés de compter principalement sur la politique budgétaire : les impôts et les dépenses.
Dans le cas de la Roumanie, le maintien de sa faible devise, le leu, a rendu ses exportations (les deux tiers vers la zone euro) plus concurrentielles, et abaissé le coût de la vie, ce qui a soudainement attiré des travailleurs qualifiés de pays en difficulté de la zone euro.
Alors qu’il y avait, il y a quelques années, un flux de millions de Roumains vers l’Espagne et l’Italie, à la recherche d’opportunités économiques, aujourd’hui le taux de chômage approche les 25% en Espagne tandis qu’en Roumanie il est d’environ 7%.
7 des 10 anciens pays communistes de l’UE n’ont pas encore adopté l’euro. La République tchèque, qui utilise la couronne (koruna), veut un référendum avant de rejoindre l’euro et cite 2020 comme la date la plus proche. La Hongrie reste fidèle à sa monnaie, le forint, et dit qu’elle n’adoptera pas l’euro avant 2018. En Pologne, le Premier ministre Donald Tusk a récemment estimé que l’euro n’était « vraiment pas attrayant ».
Pour la Roumanie, il est désormais « hors de question » de remplir le premier objectif qui était de rejoindre l’euro en 2015, dit M. Isarescu. Il reconnaît néanmoins qu’essayer de remplir les critères est une bonne discipline.
Bien que secoués par la crise, certains pays d’Europe centrale et orientale résistent mieux que leurs voisins de l’ouest qui sont collés les uns aux autres par l’euro. L’économie polonaise a été la seule à croître en 2009, l’année où la crise financière a éclaté. Les pays Baltes de Lettonie et de Lituanie, qui ont subi une douloureuse austérité, sont de nouveau en plein essor. Même dans des pays qui manquent de croissance comme la République tchèque, le bouleversement social a été faible, par rapport à ce qui s’est passé en Grèce, les Tchèques semblant davantage enclins à exprimer leurs frustrations au bistro que dans la rue [sic]. « Dans cette région, nous avons été habitués à vivre des moments difficiles », dit Tomas Sedlacek, un éminent économiste tchèque qui fut un conseiller de l’ancien président Vaclav Havel. « Nous nous souvenons encore du communisme, quand nous étions pauvres et misérables, bien pire que la Grèce. »
Commentaires
C'est quand même un comble qu'un pays qui est sorti exsangue d'une dictature communiste soit dans une meilleure situation économique que l'Espagne.
Certains expliquent cette situation par les fonds structurels de l'UE. N'oublions pas que si l'Irlande en a profité, cela ne l'a pas empêchée de plonger sitôt les fonds redirigés vers les pays de l'Est. Bien sûr, la crise n'a pas arrangé les choses.
Si les fonds structurels expliquaient tout, les performances économiques de la Suisse, de la Norvège et de la Suède, seraient moindres que celle de la zone euro.