Je tombe par hasard sur un texte de Mgr Williamson, qui propose aux familles de remplacer la télévision par la lecture à haute voix des « révélations » de Maria Valtorta sur la vie du Christ.
Certes, il connaît les objections :
1 - Le texte a été mis à l’index dans les années 1950, « c’est-à-dire avant que Rome ne devînt néo-moderniste », à cause de l’aspect « romantique et sentimental » du récit.
2 – On y trouve « un grand nombre d’erreurs doctrinales ».
3 – Mgr Lefebvre disait qu’il y avait là trop de détails de la vie quotidienne, qui donnaient une image trop matérielle des évangiles.
A ces trois objections Mgr Williamson répond :
1 – Pour pouvoir sévir à partir des années 60, il fallait bien que les néo-modernistes fussent déjà dans la place dans les années 50.
2 – Pour corriger les nombreuses erreurs doctrinales, il suffit de notes en bas de page comme dans l’édition italienne.
3 – « L’homme moderne a besoin de détails matériels pour qu’il puisse croire de nouveau en la réalité des Évangiles » : il a besoin de détails imaginaires pour croire à la réalité…
Si, c’est vrai. C’est là.
Commentaires
M. Daoudal, votre article est particulièrement tendancieux et qui plus est mensonger, parce qu'il donne une image grossièrement tronquée de la position de l'Eglise en ce qui concerne les "révélations" reçues par M. Valorta. Voici un compte-rendu de la position du Vatican plus fidèle à la réalité:
En 1948, Pie XII, après avoir lu entièrement l'œuvre de Maria Valtorta, avait dit, en conclusion de l'audience [11] : "Publiez l’œuvre tel quel. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront". Il encourageait la publication de l'œuvre en invitant chacun à se forger intuitivement son jugement.
Le 17 janvier 1974, Paul VI, qui lui aussi avait lu en partie l'œuvre de Maria Valtorta, envoya une lettre de remerciement au P. G.M. Roschini (1900-1977) pour son livre sur Maria Valtorta. Ce conseiller du Saint-Siège écrivait sans ambiguïté dans sa préface :
"Aucun autre écrit marial, …n'a été en mesure de me donner sur Marie, chef-d'œuvre de Dieu, une idée aussi juste et aussi claire, … que les écrits de Maria Valtorta". [12]
En soutenant la publication de cette œuvre, Paul VI agissait en toute connaissance de cause, y compris l'Index.
Quelques années auparavant le Bienheureux Gabrielle Allegra, un franciscain, bibliste reconnu et féru de Maria Valtorta, commentait :
"L'Église n'a pas besoin de cette œuvre (de Maria Valtorta) pour accomplir sa mission salvifique jusqu'à la seconde venue du Seigneur, comme elle n'a pas besoin des apparitions de la Vierge à La Salette, à Lourdes, à Fatima .... Mais l'Église peut tacitement ou publiquement reconnaître que certaines révélations privées peuvent être utiles pour la connaissance et la pratique de l'Évangile et pour la compréhension de ses mystères et, par conséquent, elle peut les approuver dans une forme négative en déclarant que les révélations ne sont pas, dans leurs termes, contraire à la foi. Ou elle peut les ignorer officiellement, laissant à ses enfants la pleine liberté de former leur propre jugement".
"Dans cette forme négative, les révélations de Sainte-Brigitte, de Sainte Mathilde, de Sainte Gertrude, de la Vénérable Marie de Agreda, de Saint-Jean Bosco et de nombreux autres saints ont été approuvés".
En 1992, la Conférence épiscopale italienne a délivré un imprimatur conditionnel. Elle a demandé à l'éditeur de préciser que : "les visions et les données rapportées (dans les livres de Maria Valtorta) ne peuvent être reconnues d’origine surnaturelle mais doivent être considérées comme des formes littéraires utilisées par l’auteur pour raconter à sa manière la vie de Jésus".
Dans une dictée à Maria Valtorta, Jésus avait précisé la place de l'œuvre par rapport à l''Evangile [13] :
"L’ouvrage livré aux hommes par l’intermédiaire de Maria Valtorta n’est pas un livre canonique. Néanmoins, c’est un livre inspiré que je vous accorde pour vous aider à comprendre certains passages des livres canoniques, et en particulier ce que fut mon temps de Maître, pour que vous me connaissiez par mes paroles, moi qui suis la Parole. Je ne prétends pas que l’Œuvre soit un livre canonique, et encore moins mon porte-parole, que son ignorance absolue dans ce domaine empêche même de distinguer les théologies dogmatique, mystique ou ascétique. Néanmoins, je vous déclare, en vérité, que c’est un livre inspiré, car (Maria Valtorta) est incapable d’écrire des pages qu’elle ne comprend même pas si je ne les lui explique pas moi-même".
Ainsi donc, deux attitudes sont également répréhensibles :
- "interdire" de fait la lecture des œuvres de Maria Valtorta par une proscription dépassée,
- "imposer" cette lecture comme substitutive des Évangiles.
http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta15.htm
Un Évangile romancé ?
Il se peut, M. Daoudal, que Mgr Williamson ait un problème, mais je vous assure que vous en aurez un, vous aussi, hélas! si vous vous aventurez dans l'étude méthodique de Jean-François Lavère, "L'énigme Valtorta, une vie de Jésus romancée ?" (http://www.asonimage.fr/A-1818-l-enigme-valtorta-une-vie-de-jesus-romancee-.aspx), où tous les "détails" sont rigoureusement confrontés aux données géographiques, chronologiques, historiques et autres auxquelles la documentation moderne nous permet d'accéder. L'auteur, ingénieur à la retraite, au départ défavorable à l'oeuvre, aboutit donc, après dix ans de recherches, à la conclusion que les descriptions de la visionnaire sont exactes à des poussières près. Il rejoint ainsi le jugement du Bienheureux Gabriele Allegra (http://www.maria-valtorta.org/ValtortaWeb/MariaValtorta16.htm), récemment béatifié par Benoît XVI, lequel, à l'époque où il était Joseph Ratzinger, avait émis un avis négatif sur l'oeuvre valtortienne... M'est avis, si vous me le permettez, M. Daoudal, que notre souverain pontife a désormais lui aussi un "problème"...