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Notules sur un concile (3) "Lumen gentium" (2)

Tout centrer ainsi sur le mystère de l’Eglise mettait fin à une autre grave dérive de l’Eglise d’Occident : la spiritualité individualiste. Celle qui privilégiait la prière individuelle, et des prétendues « méthodes d’oraison ». Certes, cette fausse spiritualité, qui était née avec les philosophies « humanistes » de la Renaissance et s’était aggravée dans les sociétés bourgeoises, avait été assez efficacement battue en brèche par le « mouvement liturgique », à partir de Dom Guéranger (« mouvement liturgique » qui connaîtra assez vite à son tour une autre dérive, mais ce n’est pas ici le lieu d’en parler). Efficacité qui était peut-être surtout palpable à la messe, mais pas forcément dans la prière personnelle. Quoi qu’il en soit il était bon qu’un concile mette fin officiellement à la dérive.

Laquelle consistait également, dans le même esprit, à ce que le chrétien cherchait à « faire son salut », selon une très laide et pélagienne expression.

On ne fait pas son salut, puisque le salut est un don de Dieu : on le reçoit, et l’on peut seulement y coopérer, y travailler, comme dit saint Paul. On le reçoit dans l’Eglise, par l’Eglise. Avec l’aide des sacrements de l’Eglise. On ne se sauve pas seul. On est sauvé dans et par l’Eglise, dans la communion des saints.

De même celui qui prie vraiment ne prie pas seul. Il prie dans l’Eglise, dans la communion des saints. La prière que le Seigneur nous a apprise commence par « Notre Père ». Pas « Mon Père ». Elle est, d’emblée, communautaire. La prière du chrétien est la prière de l’Eglise. Car il y a une prière de l’Eglise : la liturgie, essentiellement fondée sur les psaumes. La prière ne consiste pas à inventer des prières, ou à suivre telle ou telle soi-disant méthode d’oraison. La vraie prière consiste à participer à la prière de l’Eglise. Il est absurde que je cherche par mes petites forces à creuser mon petit ruisseau, quand l’Eglise m’offre le vaste fleuve où je n’ai qu’à me plonger. La vraie prière du chrétien, c’est sa participation à la prière liturgique de l’Eglise, où se trouvent toutes les grâces. Là encore, ce n’est pas à « moi » de « faire ». J’ai seulement à recevoir. J’ai seulement à participer. Et c’est seulement dans la mesure où je reçois et où je participe, où je me plonge dans le fleuve qui m’est offert, que peut fleurir ma vraie prière personnelle, celle qui me fait adhérer aux trois personnes de la Sainte Trinité. Une vraie prière personnelle. Non pas celle qui utilise les ressorts psychologiques pour contempler son nombril ou son néant (ce qui est la même chose), mais qui utilise le Saint-Esprit pour entrer dans la contemplation de Dieu.

En mettant au centre du concile le mystère de l’Eglise, et en votant comme premier texte la constitution sur la liturgie, le concile Vatican II condamnait, plus efficacement que par des anathèmes, la longue dérive sociologique et psychologique qui avait gravement affecté la vie de l’Eglise d’Occident.

(A suivre)

Commentaires

  • Merci pour cette lumière que vous apportez sur le pélagianisme.
    Je me suis longtemps demandé ce qu'était cette hérésie et pourquoi nos Pères l'avaient à ce point combattue.
    Vous répondez par là même à une autre question vitale pour l'Église d'aujourd'hui: pourquoi le catéchisme d'aujourd'hui est il aussi inefficace, voire éloigne-t-il nos enfants de la foi ? Parce qu'il est une imposture fondée sur cette idée qu'il faut faire sortir des enfants la vérité de la foi qui est cachée en eux. A leur réelle soif d'apprendre on ne répond que par du vent.

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