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Notules sur un concile (2) "Lumen gentium" (1)

Le premier grand texte de Vatican II est la constitution dogmatique Lumen gentium.

C’est une première. En effet, c’est la première fois que le magistère extraordinaire de l’Eglise produit un texte spécifique sur ce qu’est l’Eglise.

Le plus important est que ce texte met officiellement et heureusement fin à la longue dérive qui avait abouti à Vatican I avec Pastor Æternus, dont certains font la « première constitution dogmatique sur l’Eglise », mais qui était explicitement « sur l'institution, la perpétuité et la nature de la primauté du Siège apostolique ».

Dans Pastor Æternus, l’Eglise n’est qu’une société humaine où tout le monde, laïcs et divers « pasteurs », doit obéir au pape infaillible. Lequel est même finalement l’unique pasteur auquel doit obéit le « troupeau » : degré ultime de la monarchie pontificale. Avec un stupéfiant (mais logique) détournement d’un propos capital de saint Paul, où la tête du corps de l’Eglise, qui est le Christ, devient le pape…

Il y avait déjà longtemps que l’Eglise d’Occident se considérait d’abord comme une société hiérarchisée, et c’est ce que l’on retrouve logiquement dans le catéchisme de saint Pie X, qui est de ce point de vue le catéchisme de Vatican I : « L’Église catholique est la société ou la réunion de tous les baptisés qui, vivant sur la terre, professent la même foi et la même loi de Jésus-Christ, participent aux mêmes sacrements et obéissent aux pasteurs légitimes, principalement au Pontife Romain. »

Le catéchisme du concile de Trente allait déjà dans cette direction, mais il n’allait tout de même pas jusqu’à passer saint Paul sous silence. Il rappelait que saint Paul appelait l’Eglise l’Epouse du Christ, ou le Corps du Christ. Non sans ranger ces « noms mystérieux » dans le tiroir facultatif de la piété, au lieu de les afficher au tableau d’honneur du dogme.

Non seulement on avait oublié saint Paul (et l’Evangile, avec notamment les paraboles de noces) mais on avait également oublié les pères de l’Eglise. Et leur grand enseignement à partir de l’Evangile et des épîtres. L’Eglise, épouse du Christ, qui naît du flanc percé de Jésus comme Eve avait été tirée du flanc d’Adam. Et de même que le Christ est l’Agneau immolé depuis le commencement du monde, l’Eglise elle aussi existe depuis le commencement du monde, et se manifeste notamment dans le sacrifice. Le sacrifice d’Abel, d’Abraham, de Melchisédech. Le sacrifice eucharistique. L’eucharistie n’est pas une production de l’Eglise, elle est ce qui fonde l’Eglise. Elle est le Corps du Christ, et le Corps du Christ c’est l’Eglise.

C’est une ténébreuse énigme, qu’on ait pu occulter à ce point, pendant tant de siècles, l’enseignement des pères de l’Eglise, et de saint Paul lui-même.

Retrouvant ces vérités capitales, Lumen gentium retrouve également l’Eglise comme « peuple de Dieu », ce qui n’est pas (seulement) une réalité sociale mais fait également partie du mystère de l’Eglise. Car il s’agit d’un peuple royal et sacerdotal, comme le dit saint Pierre (I Pierre 2, 9-10) :

« Vos autem genus electum, regale sacerdotium, gens sancta, populus acquisitionis : ut virtutes annuntietis ejus qui de tenebris vos vocavit in admirabile lumen suum. Qui aliquando non populus, nunc autem populus Dei : qui non consecuti misericordiam, nunc autem misericordiam consecuti. » (Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ; vous qui autrefois n'étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n'aviez pas reçu la miséricorde, mais qui maintenant avez reçu miséricorde.)

Ainsi Vatican II commence par une très grande et très bonne nouvelle (en grec et en latin : évangile) : l’Eglise retrouvée en son mystère.

Et si Lumen gentium est un texte capital, c’est aussi le texte central de Vatican II, comme un soleil autour duquel gravitent les autres textes comme des planètes plus ou moins proches de ce centre, plus ou moins étroitement liées à lui, où elles ont leur source.

(A suivre)

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