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Quand Lénine revient à Gdansk

L’affaire fait des remous en Pologne : le maire de Gdansk, Pawel Adamowicz, a réinstallé au-dessus du portail N°2 des chantiers navals son enseigne originelle : « Chantiers Lénine », avec le slogan « Prolétaires de toutes les usines, unissez-vous » (mais aussi avec le panneau des revendications des ouvriers en 1980). Le PiS a même demandé au parquet d’ouvrir une enquête pour violation de la loi contre la propagande communiste.

Et l’on souligne que cela coïncide avec le tournage sur le chantier de scènes d’un film d’Andrzej Wajda sur Walesa.

Pawel Adamowicz explique qu’il avait l’idée de rétablir l’enseigne comme symbole pour les générations qui n’ont pas connu le communisme : « Pour montrer que l’effondrement de l’idéologie criminelle créée par Vladimir Lénine a commencé à l’usine qui porte son nom. Parce que c’est vrai que c’est Lénine qui a créé le communisme, et que ce sont les travailleurs des chantiers navals Lénine de Gdansk qui ont renversé le communisme. »

Mais Pawel Adamowicz n’était pas sûr que son idée serait acceptée. Aussi en remettait-il l’éventuelle réalisation à plus tard. Puis est venu Andrzej Wajda, pour son film sur Walesa. Et Wajda lui a dit : « C’est dommage que le portail ne ressemble plus à ce qu’il était. Il n’y a pas moyen de faire des prises de vue, on est obligé de construire une réplique. »

C’est alors que Pawel Adamowicz a parlé de son projet avec diverses personnes, qui lui ont donné raison.

A ses détracteurs, il répond :

« Il faut être malade pour me soupçonner d’aimer Lénine. Je sais exactement qui était cet homme. Je sais parfaitement qu’il est responsable de la mort de millions de personnes, non seulement en URSS mais dans la moitié du monde. Je sais que dans le bloc soviétique il a fait l’objet d’un culte presque divin : dans toutes les villes il y avait des rues, des ruelles, des places, des usines Lénine. Et bien sûr des monuments, des centaines, des milliers de monuments. Au fil des ans nous avons vécu dans l’ombre écrasante de Lénine. Lénine apparaissait partout. « « La tête de Lénine à tous les étages », comme chantait Kuba Sienkiewicz. Mais nous nous sommes libérés, nous sommes sortis de cette ombre sinistre. Et nous le devons d’abord aux travailleurs des chantiers navals Lénine de Gdansk. Cette inscription, est un symbole d’une époque heureusement révolue. Comme l’inscription sur le portail du camp d’Auschwitz : Arbeit macht frei. Cette inscription apparaît également aujourd’hui sur le portail du camp : c’est un triste souvenir. En passant le portail N°2, nous devons nous rappeler une chose : oui, Lénine était un criminel. Mais ce sont les travailleurs de l’entreprise qui portait son nom qui ont renversé son système criminel. »

Commentaires

  • Ca me semble acrobatique, comme raisonnement. A ce compte-là on pourrait aussi suggérer l'installation d'un grand panneau avec l'inscription "Sieg Heil" à l'entrée du plus grand stade de Nuremberg.Toutefois, même si les Polonais croient bon d'afficher le nom de Lénine je ne suggèrerais certainement pas d'afficher celui d'Hitler.
    Quelle idée bizarre...j'aurais compris qu'on aménage un décor temporaire pour un film, mais aller au-delà?

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