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Mais oui, le moindre pire, monsieur l’abbé !

Un prêtre connu pour ses surabondantes qualités intellectuelles croit bon de convoquer saint Thomas d’Aquin pour réfuter le « moindre pire » de Bernard Antony.

Mais puisqu'il s’agit de faire comprendre que l’expression « moindre pire » n’est pas correcte (comme si c'était la question), il suffisait de faire appel à la grammaire. Pas la peine d’invoquer les mânes du grand maître du rationalisme théologique.

Or Bernard Antony, et moi-même qui ai repris l’expression, savons, évidemment, qu’en français correct (pas besoin du thomisme) on ne peut pas dire « moindre pire ».

Il n’en demeure pas moins que l’expression, qui certes fait appel non à la logique mais à un grain de sel dont était cruellement dépourvu le boeuf muet, a un sens… métagrammatical – ou poétique, que l’on comprend aisément : le monde du moindre pire, c’est celui qui est encore plus bas que le monde du moindre mal.

Or, monsieur l’abbé, ce n’est pas la concierge qui parle ainsi. C’est le petit enfant. Et quand mon petit-fils de 4 ans dit : « c’est moins pire », il sait très bien ce qu’il dit.

Si vous ne devenez pas comme de petits enfants…

 

Commentaires

  • Quand un enfant parle ainsi, on le reprend.

  • En novembre 1963, dans L’Esprit Public, l’écrivain et journaliste Jacques Perret (« Le Caporal Epinglé ») s’adresse à certains patriotes de droite « Algérie française » qui deviennent partisans d’un bout de chemin avec le gaullisme pour éviter le péril socialo-communiste.

    « Ils se trouvent une sagesse facile à s’interdire une condamnation globale, réputée passionnelle. (…) On a le nez dans la crotte, mais mieux vaut continuer dans la crotte qu’affronter les inconnus de l’après-crotte : oui-oui pour la crotte stabilisée. La cause commune a ses raisons vicieuses, c’est la peur ; et les peureux une fois de plus auront précipité les fléaux qu’ils redoutaient. (…) Pour envisager quelque chose qui nous fasse regretter le gaullisme, il faut avoir l’esprit singulièrement inventif, imaginer le pire du pire. De toute manière consentir à un mal de cette espèce dans l’appréhension du pire, c’est faire le lit du pire car la nature du mal c’est d’aller au pire ».

  • Personnellement, ce que je trouve le "plus pire" (et je sais l'horreur de cette formule pour la langue française), c'est que dans la période troublée qui est la notre il se trouve un prêtre pour faire un article sur le fait qu'il vaut mieux employer le terme moindre mal plutôt que le terme moindre pire. Là c'est clair, il fait avancer le débat. On passe aux choses sérieuses et importantes?

  • Même pas de la sémantique; de la stylistique. Ou y a-t-il une différence, en fait ?

    Perret : analogie non valide. Ici, il est question de stratégie, de faisabilité, et pas de complaisance.

    En pratique, que fait-on ?

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