Extrait de la superbe lectio divina de Benoît XVI devant les prêtres de Rome, la 10 mars :
Arrêtons-nous un instant sur le mot «conversion», qui est le mot central ou l’un des mots centraux du Nouveau Testament. Il est intéressant — pour connaître les dimensions de ce mot — d’être attentifs ici aux divers termes bibliques: en hébreu «šub» signifie «changer de route», prendre une nouvelle direction dans la vie: en grec, metanoia, «changement de pensée», en latin «poenitentia», «mon action pour me laisser transformer»; en français: «conversion», qui coïncide plutôt avec le terme hébreu de «nouvelle direction dans la vie». Peut-être pouvons-nous percevoir de façon particulière la raison du mot du Nouveau Testament, le terme grec «metanoia», «changement de pensée». Dans un premier temps, la pensée apparaît typiquement grecque, mais en allant en profondeur, nous voyons qu’elle exprime réellement l’essentiel de ce que les autres langues disent également: changement de pensée, c’est-à-dire changement réel de notre vision de la réalité. Etant donné que nous sommes nés dans le péché originel, pour nous, la «réalité» sont les choses que nous pouvons toucher, ce sont l’argent, ma position, les choses de chaque jour que nous voyons au journal télévisé: c’est cela la réalité. Et les choses spirituelles apparaissent un peu cachées «derrière» la réalité, «Metanoia», changement de pensée, signifie renverser cette impression. Ce ne sont pas les choses matérielles, l’argent, le patrimoine, ou ce que je peux avoir qui est essentiel, qui est la réalité. La réalité des réalités est Dieu. Cette réalité invisible, apparemment éloignée de nous, est la réalité. Apprendre cela, et ainsi renverser notre pensée, juger véritablement que le réel qui doit orienter toute chose, c’est Dieu, ce sont les paroles, la parole de Dieu. Tel est le critère, Dieu, le critère de tout ce que je fais. Il s’agit réellement d’une conversion, si mon concept de réalité est changé, si ma pensée est changée. Et cela doit ensuite imprégner chaque aspect de ma vie: pour juger chaque chose, prendre comme critère ce que Dieu dit sur cela. Telle est la chose essentielle: non pas ce que je réussis à obtenir à présent pour moi aujourd’hui, non pas le bénéfice ou l’inconvénient que j’en tirerai, mais la véritable réalité, nous orienter vers cette réalité. Au cours du Carême, qui est un chemin de conversion, nous devons véritablement — me semble-t-il — accomplir chaque année à nouveau cette inversion du concept de réalité, c’est-à-dire que Dieu est la réalité, le Christ est la réalité et le critère de mon action et de ma pensée: accomplir cette nouvelle orientation de notre vie. Et ainsi, le terme latin «poenitentia» lui aussi, qui apparaît un peu trop extérieur et sans doute activiste, devient réel: exercer cela signifie exercer la domination de moi-même, me laisser transformer, ainsi que toute ma vie, par la Parole de Dieu, par la pensée nouvelle qui vient du Seigneur et qui me montre la véritable réalité. Ainsi, il ne s’agit pas seulement de pensée, d’esprit, mais il s’agit de la totalité de mon être, de ma vision de la réalité. Ce changement de la pensée, qui est conversion, touche mon cœur et unit esprit et cœur, et met fin à cette séparation entre esprit et cœur, et intègre ma personnalité dans le cœur qui est ouvert par Dieu et qui s’ouvre à Dieu. Et ainsi je trouve la voie, la pensée devient foi, c’est-à-dire placer ma confiance dans le Seigneur, m’en remettre au Seigneur, vivre avec Lui et entreprendre son chemin en se plaçant véritablement à la suite du Christ.
Commentaires
Metanoia, oui
Poenitencia non;
on dit conversio (Augustin),
et poenitencia signifie pénitence
Bonjour et merci pour votre blog
pouvez vous m éclairer je recherhce le texte de reference ou l on peut trouver cette expression latine
CHRISTUS SOL JUSTITIAE
merci d'avance pour votre aide
Didier Chaussin
Malachie 4, 2.