Extrait de la catéchèse de Benoît XVI, hier, sur sainte Catherine de Gênes.
La pensée de Catherine sur le purgatoire, pour laquelle elle est particulièrement connue, est condensée dans les deux dernières parties du livre cité au début : le Traité sur le purgatoire et le Dialogue entre l'âme et le corps. Il est important de noter que Catherine, dans son expérience mystique, n'a jamais de révélations spécifiques sur le purgatoire ou sur les âmes qui s'y purifient. Toutefois, dans les écrits inspirés par notre sainte, celui-ci est un élément central et la manière de le décrire possède des caractéristiques originales pour son époque. Le premier élément original concerne le « lieu » de la purification des âmes. A son époque, on le représentait principalement en utilisant des images liées à l'espace : on pensait à un certain espace, où se trouverait le purgatoire. Chez Catherine, en revanche, le purgatoire n'est pas présenté comme un élément du paysage des entrailles de la terre : c'est un feu non extérieur, mais intérieur. Tel est le purgatoire, un feu intérieur. La sainte parle du chemin de purification de l'âme vers la pleine communion avec Dieu, en partant de sa propre expérience de profonde douleur pour les péchés commis, face à l'amour infini de Dieu (cf. Vie admirable, 171v). Nous avons entendu parler du moment de la conversion, où Catherine ressent à l'improviste la bonté de Dieu, la distance infinie de sa propre vie de cette bonté et un feu brûlant à l'intérieur d'elle-même. Tel est le feu qui purifie, c'est le feu intérieur du purgatoire. Il y a là aussi un élément original par rapport à la pensée de son temps. En effet, elle ne part pas de l'au-delà pour raconter les tourments du purgatoire - comme c'était l'usage à l'époque et peut-être encore aujourd'hui - puis indiquer le chemin de la purification ou de la conversion, mais notre sainte part de la propre expérience intérieure de sa vie en chemin vers l'éternité. L'âme - dit Catherine - se présente à Dieu encore liée aux désirs et à la peine qui dérivent du péché, et cela l'empêche de jouir de la vision bienheureuse de Dieu. Catherine affirme que Dieu est si pur et si saint que l'âme avec les taches du péché ne peut se trouver en présence de la majesté divine (cf. Vie admirable, 177r). Et nous aussi nous sentons combien nous sommes distants, combien nous sommes emplis de tant de choses, qui ne nous laissent pas voir Dieu. L'âme est consciente de l'immense amour et de la parfaite justice de Dieu et, par conséquent, souffre de ne pas avoir répondu de manière correcte et parfaite à cet amour, et c'est précisément l'amour même pour Dieu qui devient flamme, l'amour lui-même la purifie de ses taches de péché.