R. O magnum mysterium, et admirabile sacramentum, ut animalia viderent Dominum natum, jacentem in praesepio: * Beata Virgo, cujus viscera meruerunt portare Dominum Christum.
V. Ave Maria, gratia plena: Dominus tecum.
R. Beata Virgo, cujus viscera meruerunt portare Dominum Christum.
O grand mystère ! Admirable merveille ! Des animaux ont vu, couché dans une crèche, le Seigneur nouveau-né : Heureuse est la Vierge dont le sein a mérité de porter le Christ, le Seigneur. Nous vous saluons, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous.
Considérons, dans ce sixième jour de la Naissance de notre Emmanuel, le divin Enfant étendu dans la crèche d’une étable, et réchauffé par l’haleine de deux animaux. Isaïe l’avait annoncé : Le bœuf, avait-il dit, connaîtra son maître, et l’âne la crèche de son seigneur ; Israël ne me connaîtra pas. Telle est l’entrée en ce monde du grand Dieu qui a fait ce monde. L’habitation des hommes lui est fermée par leur dureté et leur mépris : une étable lui offre seule un abri hospitalier, et il vient au jour dans la compagnie des êtres dépourvus de raison. Mais ces animaux sont son ouvrage. (…) Le bœuf, symbole prophétique qui figure auprès du trône de Dieu dans le ciel, comme nous l’apprennent à la fois Ézéchiel et saint Jean, est ici l’emblème des sacrifices de la Loi. Sur l’autel du Temple, le sang des taureaux a coulé par torrents ; hostie incomplète et grossière, que le monde offrait dans l’attente de la vraie victime. Dans la crèche, Jésus s’adresse à son Père et dit : Les holocaustes des taureaux et des agneaux ne vous ont point apaisé ; me voici (psaume 39). Un autre Prophète annonçant le triomphe pacifique du Roi plein de douceur, le montrait faisant son entrée dans Sion sur l’âne et le fils de l’ânesse. Un jour cet oracle s’accomplira comme les autres ; en attendant, le Père céleste place son Fils entre l’instrument de son pacifique triomphe et le symbole de son sacrifice sanglant.
Dom Guéranger