Extrait de l’homélie de Benoît XVI lors des premières vêpres du premier dimanche de l’Avent
Le début de l'Année liturgique nous fait revivre l'attente de Dieu qui se fait chair dans le sein de la Vierge Marie, Dieu qui se fait petit, qui devient un enfant ; il nous parle de la venue d'un Dieu proche qui a voulu vivre le cours d'une vie de l'homme, dès son début, et ceci pour la sauver, totalement, en plénitude. C'est ainsi que le mystère de l'Incarnation du Seigneur et le début de la vie humaine sont reliés entre eux de façon intime et harmonieuse à l'intérieur de l'unique dessein de salut de Dieu, Seigneur de la vie de tous et de chacun. L'Incarnation nous révèle, dans une lumière intense, et de façon surprenante, que toute vie humaine a une dignité très haute, incomparable.
L'homme présente une originalité incomparable par rapport à tous les autres êtres vivants qui peuplent la terre. Il se présente comme un sujet unique et singulier, doué d'intelligence et de libre volonté, et composé d'une réalité matérielle. Il vit simultanément et indissolublement dans la dimension spirituelle et dans la dimension corporelle.
C'est aussi ce que suggère le texte de la Première lettre aux Thessaloniciens qui a été proclamé : « Que le Dieu de la paix lui-même, écrit saint Paul, vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, soit gardé sans reproche à l'Avènement de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Th 5, 23).
Nous sommes donc esprit, âme, et corps. Nous faisons partie de ce monde, liés à la possibilité et aux limites de la condition matérielle ; en même temps, nous sommes ouverts à un horizon infini, capables de dialoguer avec Dieu et de l'accueillir en nous. Nous travaillons dans les réalités terrestres et à travers elles, nous pouvons percevoir la présence de Dieu et tendre vers lui, vérité, bonté et beauté absolue. Nous goûtons des fragments de vie et de bonheur et nous aspirons à la plénitude totale.
Dieu nous aime de façon profonde, totale, sans distinction ; il nous appelle à l'amitié avec lui ; il nous fait participer à une réalité au-dessus de toute imagination et de toute pensée et parole : la vie divine même. Nous prenons conscience, avec émotion et gratitude, de la valeur, de la dignité incomparable de toute personne humaine, et de la grande responsabilité que nous avons envers tous.