Bon, d’accord, c’est loin d’être la première fois, et ce ne sera pas la dernière. Mais là, il a fait fort. De semaine en semaine, je ronronnais (de plaisir) en lisant les catéchèses de Benoît XVI sur les grandes mystiques du moyen âge. Je révisais benoîtement mes connaissances, sous la conduite d’un super-prof qui va toujours à l’essentiel, non sans regretter par exemple qu’il n’insiste pas davantage sur le Sacré Cœur chez sainte Mechtilde et surtout sainte Gertude… Et là, paf ! Marguerite d’Oingt. Qui ça ? Marguerite d’Oingt. Sic. Jamais entendu parler. D’ailleurs personne ne la connaît. Même pas l’Eglise, puisqu’elle n’est pas canonisée.
Alors, sans lire les extraits de la catéchèse que m’envoie VIS (d’autant que les traductions de VIS sont très approximatives), et avant de pouvoir lire la traduction intégrale de Zenit, j’ai cherché sur internet qui était cette Marguerite d’Oingt. Naturellement, je suis tombé sur Wikisaitout, qui, en l’occurrence, raconte n’importe quoi (« Chose rare chez les femmes au Moyen Âge, elle était très cultivée », ouarf…). Puis j’ai trouvé le site archive.org qui donne les « œuvres complètes » de notre Marguerite, dans leur première édition, qui date de… 1877. Sic. Depuis lors, il y a eu une seule autre édition, scientifique et tout et tout, avec la traduction, en 1965.
Les « œuvres complètes » de Marguerite d’Oingt, dans l’édition de 1965, ça fait 49 pages...
J’ai lu aussitôt le premier « livre », les Méditations, qui est écrit dans un latin extrêmement facile. Le reste, c’est en « franco-provençal », et c’est plus difficile…
Ce texte est un hymne à l’amour de Dieu, et il est sublime. J’ai lu ensuite la catéchèse du Saint-Père, et je me suis rendu compte qu’il y citait les passages qui m’avaient le plus frappé, notamment l’extraordinaire description de la crucifixion comme un accouchement.
Et il est manifeste que la façon dont Marguerite d’Oingt parle de l’amour de Dieu et de la Passion comme manifestation de cet amour est très proche de la façon dont Benoît XVI en parle. Ce qui fait de cette catéchèse une confidence du pape. Il nous a livré là un des ses secrets.
Alors j’ai cherché l’édition de 1965 sur internet. J’en ai trouvé un exemplaire. Sans doute le seul exemplaire disponible. Ben oui, je l’ai acheté. Tant pis pour vous.
Commentaires
Je ne peux pas m'empêcher de comparer cette note "Il m'épate" avec celle d'après "Non événement" :
D'un côté Benoît XVI, le pape, qui prouve tout les jours par ses cathéchèses choisies sa très grande sainteté, sa très grande foi, et de l'autre le Cardinal Vingt-Trois, qui nous parle de "crise sociale", d'action de "Notre église" dans "la vie sociale et politique" et de "blocage du dialogue social". Bref, c'est criant, l'un nous parle de Dieu, l'autre de l'homme, et qui plus est de l'homme révolutionnaire, engagé dans ses combats.
"Notre église" est une annexe de la CGT, et l'on comprend que les "clercs" de "notre église" n'aient plus besoin de soutanes, de latin, et de textes de Marguerite d'Oingt...
Il arrive que la succession des notes sur mon blog ne soit pas le fruit du hasard... (Une bonne indication, mais qui est loin d'être toujours probante : l'heure de publication de deux notes successives.)
Super article!
Merci.
Béatrice