Vous représentez au Cycle sacré le peuple en qui Grégoire le Grand prévit l'émule des Anges ; tant de saints rois, d'illustres vierges, de grands évêques et de grands moines, qui furent sa gloire, forment aujourd'hui votre cour brillante. Où sont les insensés pour lesquels, avec vous, votre race a semblé mourir ? C'est du ciel que doit se juger l'histoire. Tandis que vous et les vôtres y régirez toujours, jugeant les nations et dominant les peuples, les dynasties de vos successeurs d'ici-bas, jalousant l'Eglise, appelant de longue date le schisme et l'hérésie, se sont éteintes l'une après l'autre, stérilisées par la colère de Dieu, dans ces vaines renommées dont le livre de vie ne garde nulle trace. Combien meilleurs et plus durables apparaissent, ô Edouard, les fruits de votre virginité sainte ! Apprenez-nous à voir dans le monde présent la préparation d'un autre qui ne doit pas finir, à n'estimer les événements humains qu'en raison de leurs résultats éternels. Des yeux de l'âme, notre culte vous cherche et vous trouve en votre royale abbaye de Westminster; c'est de là que par avance nous aimons à vous contempler montant dans la gloire, au redoutable jour qui verra près de vous tant de fausses grandeurs manifester leur honte et leur néant. Bénissez-nous, prosternés de cœur à ce tombeau dont l'hérésie inquiète prétend vainement écarter la prière. Offrez à Dieu les supplications qui montent de tous les points du monde, à cette heure, pour les brebis errantes que la voix du pasteur rappelle si instamment en nos jours à l'unique bercail.