Dans la série « les femmes du pape », si j’ose dire, ou plutôt les grandes saintes médiévales, après sainte Hildegarde, sainte Claire, sainte Mechtilde, c’est naturellement sainte Gertrude que Benoît XVI a évoqué mercredi. Voici le premier et les derniers paragraphes de sa catéchèse. (NB. L’agence Zenit nous apprend que cette audience a été traduite en langue des signes, pour 70 sourds de Bergame. Du coup elle ne nous donne pas le texte…)
Sainte Gertrude la Grande, dont je voudrais vous parler aujourd'hui, nous conduit cette semaine encore au monastère de Helfta, où sont nés certains des chefs-d'œuvre de la littérature religieuse féminine latino-allemande. C'est à ce monde que Gertrude appartient, l'une des plus célèbres mystiques, seule femme en Allemagne à recevoir l'épithète de Grande, en raison de sa stature culturelle et évangélique : à travers sa vie et sa pensée, elle a influencé de manière singulière la spiritualité chrétienne. C'est une femme exceptionnelle, dotée de talents naturels particuliers et d'extraordinaires dons de grâce, d'une profonde humilité et d'un zèle ardent pour le salut du prochain, d'une intime communion avec Dieu dans la contemplation et disponible à venir au secours des plus nécessiteux. (...)
En particulier, deux faveurs lui sont plus chères que toutes les autres, comme Gertrude l'écrit elle-même : « La première est l'empreinte que vous avez formée sur mon cœur, par les splendides joyaux de vos plaies sacrées. La seconde est cette blessure d'amour si profonde et si efficace que, (dussé-je vivre mille ans dans le plus complet délaissement), je goûterais sans cesse un bonheur ineffable au souvenir de ces deux bienfaits. Ils me seraient à chaque heure une source suffisante de consolation, de lumière et de gratitude. Pour ajouter à ces faveurs, vous m'avez encore admise à l'incomparable familiarité de votre tendresse, en m'offrant l'arche très noble de votre divinité, c'est-à-dire votre Cœur sacré, pour que j'y trouve mes délices [...]. Enfin vous m'avez donné pour avocate votre très douce Mère la bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu'en mettrait un époux à confier à sa propre mère l'épouse qu'il s'est choisie. »
Tendue vers la communion sans fin, elle conclut sa vie terrestre le 17 novembre 1301 ou 1302 à l'âge d'environ 46 ans. Dans le septième Exercice, celui de la préparation à la mort, sainte Gertrude écrit : « O Jésus, toi qui m'es immensément cher, sois toujours avec moi, pour que mon cœur demeure avec toi et que ton amour persévère avec moi sans possibilité de division et que mon trépas soit béni par toi, de manière à ce que mon esprit, libéré des liens de la chair, puisse immédiatement trouver le repos en toi. Amen. »
Il me semble évident que ces choses ne sont pas seulement des choses du passé, historiques, mais l'existence de sainte Gertrude reste une école de vie chrétienne, de voie droite, et nous montre que le cœur d'une vie heureuse, d'une vie véritable, est l'amitié avec Jésus, le Seigneur. Et cette amitié s'apprend dans l'amour pour l'Ecriture Sainte, dans l'amour pour la liturgie, dans la foi profonde, dans l'amour pour Marie, de manière à connaître toujours plus réellement Dieu et le bonheur véritable, but de notre vie.