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Mercredi des quatre temps de Pentecôte

« Nul ne vient à mol, si mon Père ne l'attire».  Ne t'imagine pas que tu sois attiré malgré toi; car l'amour entraîne les âmes. Il est des hommes qui pèsent le sens de toutes les paroles, et qui sont loin de comprendre toutes choses, surtout les choses de Dieu; mais nous n'avons nullement à craindre de les voir nous reprocher ce passage des saintes Ecritures qui se trouve dans l'Evangile, et nul d'entre eux ne nous dira : Si je suis entraîné, comment pourrai-je avoir une foi parfaitement libre? Car je le dis : ce n'est pas assez d'être entraînés volontairement, nous le sommes encore avec plaisir. Qu'est-ce, en effet, qu'être entraîné avec plaisir? « Mets tes délices dans le Seigneur, et il remplira tous les désirs de ton coeur » (Ps 36). Le coeur qui éprouve la douceur du pain céleste ressent un véritable plaisir. Or, s'il est vrai de dire avec le poète : « Chacun est conduit par l'attrait de ses propres penchants » (Virgile); non par la nécessité, mais par l'attrait du plaisir; non par le devoir, mais par la jouissance* : à plus forte raison devons-nous dire que celui-là est attiré vers le Christ, qui trouve ses délices dans la vérité, la béatitude, la justice, l'éternelle vie ; car le Christ est tout cela. Quand les sens corporels ont leurs plaisirs, les facultés de l'âme en seraient-elles dépourvues? Et si l'âme n'avait point de jouissances à elle, comment le Psalmiste aurait-il pu dire : « Les enfants des hommes espéreront à l'ombre de vos ailes; ils seront enivrés de l'abondance de votre maison; vous des abreuverez au torrent de vos délices; car, en vous est la source de la vie, et dans votre lumière nous verrons la lumière ? » (Ps 35) Donne-moi un homme qui aime Dieu, et il éprouvera la vérité de ce que je dis: donne-moi un homme rempli du désir et de la faim de ce pain céleste, engagé dans le désert de cette vie et dévoré par la soif de la justice, soupirant après la fontaine de l'éternelle patrie ; donne-moi un tel homme, et il me comprendra. Mais si je m'adresse à un homme glacé par le froid de l'indifférence, il ne saisira pas mes paroles. Tels étaient les murmurateurs dont parle notre évangile. « Celui que mon Père attire vient à moi ».

Mais pourquoi dire : « Celui que mon Père attire », puisque le Christ attire aussi? dans quelle intention le Sauveur a-t-il dit : « Celui que mon Père attire? » Si nous devons être entraînés, soyons-le par celui à qui l'épouse animée par l'amour adressait ces paroles : « Nous courrons sur tes pas à l'odeur de tes parfums » (Cantique des cantiques). Remarquons bien, mes frères, et, autant que possible, efforçons-nous de comprendre ce que le Sauveur veut nous faire entendre. Le Père attire à son Fils ceux qui croient au Fils, parce qu'ils reconnaissent Dieu pour son Père; car Dieu le Père s'est engendré un Fils égal à lui; l'homme qui reconnaît dans sa pensée que le Fils est égal au Père, et qui, sous l'empire de sa foi, sent vivement cette vérité, et la rappelle sans cesse à son esprit, le Père l'attire vers son Fils.

Saint Augustin

* Non necessitas, sed voluptas; non obligatio, sed delectatio.

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