Dans Le Point, le terroriste Carlos, depuis sa prison de Poissy, dément trois thèses du film d'Olivier Assayas, diffusé par Canal + à partir du 19 mai, jour de sa présentation au festival de Cannes.
Il affirme que la prise d'otages de l'Opep à Vienne en 1975 lui a été commanditée par Kadhafi et non, comme le présente le film, par Saddam Hussein. Il affirme qu'il n'a jamais rencontré le chef du KGB, Iouri Andropov, qui selon le film d'Olivier Assayas lui aurait donné comme mission de tuer le président égyptien Anouar el-Sadate, et il ne croit pas que l'assassinat de Sadate soit l'œuvre des Soviétiques. Il affirme enfin sa conviction de n'avoir pas été trahi par Kamal al-Issawi, membre des services secrets syriens, comme le montre le film. "Personne ne m'a trahi", dit-il. "Tout le monde savait que j'étais allé d'Amman à Khartoum. Les Saoudiens et les Américains aussi. Ce sont eux qui ont averti les Français, qui n'étaient pas du tout dans le coup".
Carlos a tenté, par une action en justice, d'obtenir le droit de visionner le film avant sa diffusion mais il a été débouté, le juge des référés estimant qu'une telle mesure serait "radicalement contraire à la liberté d'expression".
Le fait, pour une personnalité dont on fait un film, de voir ce film, et de dire ce qu'il en pense, serait "radicalement contraire à la liberté d'expression"...
On a vu d'autre part, à propos du film "Hors-la-loi", que selon la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), c'est « tenter de limiter la liberté d'expression » que de dénoncer les falsifications historiques contenues dans un film.
Il est donc désormais établi que la liberté d'expression confère un droit absolu à asséner des contrevérités historiques, et interdit de rétablir la vérité. (Etant entendu que ce droit au négationnisme et au révisionnisme n'est conféré qu'aux tenants du pouvoir culturel.)
Commentaires
"Carlos" demandait seulement de voir le film et non de le censurer. Il voulait savoir ce que l'on disait de lui dans ce film qui a pour sujet central lui-même car il craignait qu'on lui impute des crimes et il a droit à la présomption d'innocence pour les crimes pour lesquels il n'a pas été condamné.
"En effet, argumente-t-elle dans son ordonnance, "la mesure d'interdiction de divulgation au public d'une oeuvre cinématographique (...) est par sa nature préventive, la plus radicalement contraire à la liberté d'expression. Elle ne peut dès lors être envisagée que dans des cas d'une extrême gravité".
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gRrHj6XOOKJf9sDUGQB55u0tx1Yg
"Selon la magistrate, cela n'est ni plus ni moins qu'une "mesure d'ingérence, qui, en soumettant l'oeuvre au jugement d'un tiers avant toute décision de publication, fait peser (...) sur la liberté des auteurs (...) une contrainte sur la liberté d'expression qui leur est constitutionnellement garantie"."
"Un tiers" mais Carlos n'est pas un "tiers" puisqu'il est le sujet du film !
Curieusement la juge a décidé que Carlos ne pouvait voir le film car l'interdiction préalable ne pouvait être autorisée que si le film constituait un cas d'une extrême gravité. Mais comment juger si l'on n'a pas pu voir le film ? D'autant plus que Carlos ne demandait pas l'interdiction du film. La décision est bien obscure, voire contradictoire.
Si mes souvenirs sont bons, Giscard d'Estaing avait obtenu la non diffusion préalable d'un livre le concernant, il n'avait pas été considéré comme un "tiers".
Si Carlos fait appel nous verrons si la cour d'appel confirme.
Parodie de justice...Toujours la même, avec toujours les mêmes
personnes pour le privilège de censurer (qu'elle joie, ce pouvoir)...