Très sainte Mère de Dieu, vaisseau d'incomparable élection, élection de la souveraine dilection, vous êtes la plus aimable, la plus amante et la plus aimée de toutes les créatures. L'amour du Père céleste prit son bon plaisir en vous de toute éternité, destinant votre chaste cœur à la perfection du saint amour, afin qu'un jour vous aimassiez son Fils unique de l'unique amour maternel, comme il l'aimait éternellement de l'unique amour paternel. O Jésus mon Sauveur ! à qui puis-je mieux dédier les paroles de votre amour, qu'au cœur très aimable de la bien-aimée de votre âme ?
Mais, ô Mère toute triomphante ! qui peut jeter ses yeux sur votre Majesté, sans voir à votre dextre celui que votre Fils voulut si souvent, pour l'amour de vous, honorer du titre de père, le vous ayant uni par le lien céleste d'un mariage tout virginal, à ce qu'il fût votre secours et coadjuteur en la charge de la conduite et éducation de sa divine enfance ? O grand saint Joseph, époux très aimé de la Mère du Bien-aimé ! hé ! combien de fois avez-vous porté l'amour du ciel et de la terre entre vos bras, tandis qu'embrasé des doux embrassements et baisers de ce divin Enfant, votre âme fondait d'aise lorsqu'il prononçait tendrement à vos oreilles (ô Dieu, quelle suavité !) que vous étiez son grand ami et son cher père bien-aimé !
On mettait jadis les lampes de l'ancien temple sur des fleurs de lis d'or. O Marie et Joseph ! pair sans pair, lis sacrés d'incomparable beauté, entre lesquels le bien-aimé se repaît et repaît tous ses amants ! hélas si j'ai quelqu'espérance que cet écrit d'amour puisse éclairer et enflammer les enfants de lumière, où le puis-je mieux colloquer qu'emmi vos lis ? lis esquels le soleil de justice, splendeur et candeur de la lumière éternelle, s'est si souverainement récréé qu'il y a pratiqué les délices de l'ineffable dilection de son coeur envers nous. O Mère bien-aimée du Bien-aimé ! ô époux bien-aimé de la bien-aimée, prosterné sur ma face devant vos pieds qui portèrent mon Sauveur, je vous dédie et consacre ce petit ouvrage d'amour à l'immense grandeur de votre dilection. Hé ! je vous jure par ce cœur de votre doux Jésus, qui est le roi des cœurs, que les vôtres adorent, animez mon âme et celle de tous ceux qui liront cet écrit de votre toute-puissante faveur envers le Saint-Esprit; afin que nous immolions meshui en holocauste toutes nos affections à sa divine bonté, pour vivre, mourir et revivre à jamais emmi les flammes de ce céleste feu que notre Seigneur votre Fils a tant désiré d'allumer en nos cœurs, que pour cela il ne cessa de travailler et soupirer jusques à la mort de la croix.
(Oraison dédicatoire du Traité de l'Amour de Dieu)