Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Saint Jean Chrysostome

A Innocent, Evêque de Rome, Jean, évêque, salut dans le Seigneur.

Notre corps, il est vrai, n'occupe qu'une seule place, mais la charité nous porte sur ses ailes dans l'univers entier. Aussi, bien que séparé de vous par une telle distance, chaque jour cependant nous sommes avec vous : les yeux de la charité aperçoivent votre courage, votre attachement sincère, votre fermeté, votre constance, et ces consolations nombreuses, continuelles et puissantes que vous nous adressez. Plus les flots s'amoncèlent, plus les écueils se multiplient, plus la tempête redouble de fureur, plus aussi s'accroît votre vigilance. Rien ne peut vous rebuter : ni la longueur du chemin, ni les temps, ni les difficultés de la route. Mais vous ne cessez d'imiter ces pilotes excellents, qui déploient tout leur zèle quand ils voient les flots se soulever, la mer se gonfler, et une nuit profonde couvrir l'océan au milieu du jour. Aussi vous rendons-nous de nombreuses actions de grâces, et désirons-nous vous envoyer lettre sur lettre : c'est notre plus grande consolation. Mais le désert où nous vivons nous prive de ce bonheur; car il n'est pas facile d'arriver jusqu'à nous. C'est chose difficile, non seulement pour ceux qui sont loin d'ici, mais encore pour ceux qui habitent les contrées voisines; car ceux-ci même sont loin de nous, et le lieu que nous habitons est à l'extrémité de la contrée. D'ailleurs les voleurs assiègent toutes les routes. Que notre silence vous fasse compatir à nos douleurs, loin de vous porter à nous accuser de négligence ! Non, ce n'est point négligence de notre part, si nous gardons le silence; après avoir attendu bien longtemps , nous avons enfin rencontré le prêtre Jean, que nous vénérons et que nous chérissons, et le diacre Paul, et depuis nous ne cessons de vous remercier de nous avoir témoigné une bienveillance, un dévouement tout paternel. Vous avez fait tous vos efforts pour ramener le calme, pour faire disparaître tant d'infamies et de scandales, pour rendre aux Eglises une paix, une sérénité sans nuage, pour rétablir le courant interrompu, pour venger l'honneur des lois méprisées et des saints canons foulés aux pieds. Efforts impuissants, hélas ! puisque les auteurs des premiers troubles y ont mis le comble par de nouveaux crimes. Je ne veux pas vous les exposer en détail. Je ne le pourrais dans une lettre; les bornes mêmes d'un récit historique ne sauraient les contenir. Je vous prie cependant, malgré le peu d'espoir qu'il y a de guérir les auteurs de ces troubles, atteints, ce semble, d'un mal incurable, et incapables de repentir, je vous conjure, puisque vous avez entrepris de les guérir, de ne pas vous rebuter, de ne pas vous décourager en considérant la grandeur d'une telle entreprise. C'est pour l'univers entier que vous combattez, c'est pour les églises renversées, pour les peuples dispersés, pour le clergé que l'on attaque, pour les évêques que l'on exile, pour les constitutions des Pères que l'on viole. Aussi nous vous prions et nous vous conjurons de redoubler de zèle, à mesure que s'accroît la violence de la tempête. Nous espérons que le temps amènera quelque changement. Quoi qu'il arrive, vous recevrez du Dieu miséricordieux la couronne due à vos efforts, et la ferveur de votre charité remplira de consolations ceux qu'accable l'injustice. Voilà trois ans déjà que nous vivons dans l'exil, que nous sommes éprouvé par la famine, par la peste, par la guerre, par des sièges continuels, que nous vivons dans une affreuse solitude, que nous mourons chaque jour, sans cesse exposé aux glaives des Isauriens ; et ce qui nous console, c'est votre attachement si ferme, si constant, si plein de sincérité; ce qui nous réjouit, c'est votre charité si tendre et si bienveillante. Oui, elle est pour nous comme un rempart qui nous met à l'abri des coups, comme un port qui nous protége contre les flots, comme un trésor de biens innombrables ; elle nous remplit d'une joie délicieuse. Fussions-nous jeté dans un désert bien plus affreux encore, nous partirions consolé déjà de tant de souffrances.

Les commentaires sont fermés.