Extrait de l'instruction préalable au commentaire des psaumes par saint Hilaire (qui fut le premier père de l'Eglise à réaliser un commentaire systématique des psaumes) :
Pas d'ambiguïté possible : ce qui est dit dans les psaumes, c'est selon la prédication évangélique qu'il convient de le comprendre, en sorte que, quelle que soit la personne par laquelle l'Esprit prophétique a parlé, tout ce qui y est dit vise la connaissance de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, de son incorporation (corporatio), de sa Passion, de son règne, de la gloire et de la puissance de notre résurrection. Cependant, toutes les prophéties ont été fermées et scellées pour l'esprit mondain et pour la prudence du siècle, selon ce que dit Isaïe : Toutes ces paroles deviendront pour vous comme les mots d'un livre scellé. Et si on les donne à quelqu'un qui sait lire en lui disant : 'Lis cela', il répondra : 'Je ne le peux pas, car le livre est scellé'. Et si on remet le livre entre les mains de quelqu'un qui ignore les lettres en lui disant : 'Lis cela', il répondra : 'Je ne sais pas lire' (Is 29, 11-12).
L'incapacité de lire et de comprendre le livre de la prophétie est démontrée au moyen de ces deux hommes ; lorsque l'intelligence de l'homme formé à la lecture n'a pas d'accès au sceau du mystère resté fermé, elle est mise sur le même plan que l'ignorance de l'homme inculte, du fait pour l'un et l'autre de leur commune indigence à comprendre. Tout est en effet entrelacé de significations allégoriques et typologiques par lesquelles tous les mystères sont dévoilés, ceux du Fils de Dieu Unique-Engendré naissant dans un corps, souffrant, mourant, ressuscitant et régnant dans l'éternité, glorifiant avec lui ceux qui auront cru en lui, et jugeant les autres. Et, parce que les scribes et les pharisiens qui n'admettaient pas le fait que le Fils de Dieu fût né dans un corps, refusaient à tous d'accéder à l'intelligence prophétique, le Seigneur, en les menaçant d'un châtiment, les accuse en ces termes : Malheur à vous, Docteurs de la Loi, qui avez enlevé la clef de la science ; vous-mêmes n'êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous ne leur avez pas permis de le faire (Lc 11, 52). Car en niant le Christ dont l'avènement est l'œuvre des prophètes, ils ont enlevé la clef de la science ; le refus de la foi en l'avènement corporel ferme en effet l'accès à la connaissance de la Loi qui annonçait cet événement corporel du Seigneur.
Voir aussi :
Saint Hilaire par Benoît XVI
Hymne du propre de Poitiers