En ce jour anniversaire de la Révolution de velours à Prague, l'hebdomadaire Tyden donne une interview de l'ancien secrétaire général du parti communiste tchécoslovaque, Milos Jakes, 87 ans.
« Il n'y avait aucune raison concrète pour un changement de régime en 1989 », dit-il. « L'économie fonctionnait, le niveau de vie était bon. » Le renversement du régime communiste a été un vol de la richesse tchécoslovaque. « Tout a été gaspillé. » Si le socialisme avait continué, pécise-t-il, le réseau d'autoroutes, la rocade de Prague et la centrale nucléaire de Temelin seraient achevés depuis longtemps. (Il faut avoir connu la Tchécoslovaquie à l'époque pour comprendre le caractère ubuesque du propos.)
Les événements de Novembre, dit-il, ont été provoqués par « la malheureuse Perestroïka de Gorbatchev ». « C'est la direction du parti communiste d'URSS qui a fait disparaître le socialisme en Europe. » (Cela est en partie vrai.) « Ils ont tous succombé à la peur, et cela prévaut toujours », car les gens ont peur de perdre leur emploi ou leur appartement et de payer plus chez le médecin... Et ceux qui ont tout volé ont peur qu'ils aient à revenir à la situation antérieure. La peur est partout, ose-t-il dire, lui qui était le chef du régime le plus oppresseur de tous les pays de l'Est, « la peur influe très activement sur l'opinion publique et elle est derrière le silence de la majorité de la société qui est totalement insatisfaite de cet état de choses ». La situation actuelle est une « situation d'avant de grands changements ». Le socialisme va certainement revenir, dit-il, citant Rosa Luxembourg : « C'est soit le socialisme, soit une catastrophe mondiale. »
Et Jakes défend toujours Staline. Car, explique-t-il, il faut comprendre les circonstances de l'époque, « la pauvreté qui régnait alors, tandis que la discipline devait être maintenue : les méthodes devaient naturellement être choisies en conséquence » (sic). Et d'ajouter que personne ne se préoccupe aujourd'hui du fait que « le nombre des habitants en France a chuté d'un tiers pendant la Révolution française ou que presque tous les Indiens d'Amérique ont été exterminés »...