Et certains s'en mettent vraiment plein les poches.
Dépêche de l'AFP
Le compte rendu officiel de l'audition à l'Assemblée nationale du directeur de cabinet du président Nicolas Sarkozy, Christian Frémont, a été modifié dans la nuit de jeudi à vendredi, a constaté vendredi l'AFP.
M. Frémont a été auditionné mardi devant la commission des Finances sur les crédits de l'Elysée, où il a notamment fourni des explications sur le budget sondages de la présidence, épinglé en juillet par la Cour des comptes.
Selon le compte rendu mis en ligne jeudi soir sur le site internet de l'Assemblée nationale et imprimé par l'AFP, Christian Frémont a déclaré: "en 2009, notre estimation est que OpinionWay percevrait environ 820.000 euros et Ipsos environ 300.000 euros".
Vendredi, cette phrase a été modifiée dans le compte rendu que l'on peut désormais lire sur le site de l'Assemblée: "en 2009, notre estimation est que Publifact et Publiopinion percevraient environ 820.000 euros et Ipsos environ 300.000 euros".
Publifact et Publiopinion sont deux sociétés appartenant au politologue Patrick Buisson, qui bénéficie d'un contrat avec l'Elysée.
L'institut OpinionWay avait démenti jeudi auprès de l'AFP avoir facturé le moindre euro à la présidence en 2009.
En fin de journée, vendredi, l'Assemblée a précisé sur son site que le compte rendu avait été "rectifié à la demande de Christian Frémont". "Ses propos tenus devant la commission et initialement retranscrits dans le compte rendu comportaient une inexactitude dont il a demandé rectification", peut-on désormais lire.
Dans un communiqué, la commission des Finances a fait savoir vendredi soir qu'il "s'agit d'une pratique usuelle s'agissant de rectifier, à sa demande, une erreur factuelle de l'orateur".
Un haut fonctionnaire de l'Assemblée a néanmoins déclaré à l'AFP que quand des modifications "portent sur le fond" ou ont "un sens politique", "la règle" est qu'elles ne doivent pas être acceptées.
La députée PS Delphine Batho qui avait dévoilé le contenu de cette audition sur son blog, a déclaré vendredi à l'AFP que cela "illustre une fois de plus l'immense embarras de l'Elysée dans cette affaire". "Et sur le fond, la révélation est plus grave" avec les propos rectifiés "puisque c'est en fait M. Buisson qui a touché 820.000 euros entre janvier et juillet", a-t-elle dénoncé.
Lors de son audition de mardi, Christian Frémont a précisé que le spécialiste des sondages Pierre Giacometti fournissait à l'Elysée "un certain nombre d'analyses et d'études pour lesquels il reçoit une rémunération mensuelle de 43.500 euros", un montant "diminué de 21%" depuis mars.
Comme jeudi, M. Giacometti a démenti vendredi les propos de M. Frémont, en affirmant, dans un communiqué, avec Alain Péron, co-fondateur de leur cabinet de conseil GiacomettiPéron et Associés, qu'il s'agissait d'un "contrat de conseil, diagnostic d'opinion et stratégie de communication politique pour la présidence de la République" et non d'une rémunération individuelle de consultant de 43.500 euros versée à Pierre Giacometti.
"Le budget contractuel est de 43.500 euros mensuels, correspondant à la réalisation de cette mission", ont-ils ajouté. Ils ont assuré en outre que leur société n'était "en aucun cas fournisseur d'enquête d'opinion, dont la réalisation concerne les instituts de sondage".
De son côté, Patrick Buisson, qui dispose depuis juillet "d'un contrat de conseil" et dont la collaboration avec la présidence ne concerne plus les sondages, est rémunéré "à hauteur de 10.000 euros hors taxes par mois".
L'Elysée a prévu un budget sondages "d'environ 1,3 million d'euros" en 2010, selon M. Frémont.
[Note sur Ipsos. Le patron de cet institut est Jean-Marc Lech. L'homme qui, à la veille du premier tour de la présidentielle de 2002, affirmait que Jean-Marie Le Pen ne ferait pas un score à deux chiffres. Une telle crédibilité dans les sondages mérite assurément au moins 300.000 euros.]