Premiers résultats du référendum sur la bioéthique
analysés par l'Espace anthropo-éthique Rhône-Alpes
coordinateur: Dr Doublier-Villette, chemin du relais St Roch, 26400 Vaunaveys (villette@lunivers.info)
En fait de référendum il s'agit de 37 questions, ce qui souligne la complexité du sujet.
Les premiers résultats permettent de dégager de nettes tendances, au nom de la dignité de la personne humaine, qui peuvent se résumer par la recommandation aux législateurs de refuser toute dérive eugéniste, même "provisoire et encadrée", même au stade embryonnaire.
Certains reconnaissent l'embryon comme une personne humaine, d'autres ne savent pas ce qu'il est, mais ces derniers soulignent cependant que, l'enjeu étant si grand, la seule probabilité de se trouver en face d'une personne suffirait à justifier la plus nette interdiction de toute intervention conduisant à supprimer un embryon humain.
Pratiquement et précisément, en matière de
recherche sur les cellules souches et sur l'embryon,
comme en matière de DPI et de DPN,
sujets à l'étude lors du "forum citoyen" de Marseille
1°/ Il faut encourager la recherche sur les cellules souches adultes, puisque ces cellules ne présentent aucun obstacle éthique, ne suscitent aucune complication et donnent d'excellents résultats, contrairement aux cellules souches embryonnaires.
2°/ Il faut interdire toute recherche sur les cellules souches embryonnaires, même en les encadrant provisoirement, comme on le fait depuis la loi de 2004.
3°/ Faut-il interdire aussi toute manipulation de l'embryon ou du patrimoine génétique humain? Question qui peut sembler facile en se référant à ce qui précède, mais qui se nuance, toujours en fonction de la notion de "dignité de la personne" (personne réelle ou probable), selon que l'on distingue l'ingénierie thérapeutique de l'ingénierie génétique, du clonage et des tentatives d'hybridation.
A: il faut interdire l'ingénierie génétique (avec le but présumé d'améliorer ou de renforcer la dotation génétique) qui favorise à l'évidence une "mentalité eugénique" et introduit une stigmatisation sociale indirecte envers ceux qui ne possèdent pas certaines qualités particulières. En outre, cette ingénierie génétique met l'accent sur des qualités appréciées par des cultures et des sociétés déterminées, qualités qui ne constituent pas par elles-mêmes ce qui est spécifique à l'homme. Cela contredit la vérité fondamentale de l'égalité entre tous les êtres humains, qui s'exprime par le principe de justice, dont la violation, à la longue, et même "encadrée" au début, finirait par mettre en péril la coexistence pacifique entre tous les individus. En outre on se demande à qui il reviendrait de déterminer les critères d'acceptabilité pour un "nouveau type d'homme"....
B: il faut interdire le clonage humain, qu'il soit à visée reproductive ou thérapeutique ou de recherche. Cela coule de source en fonction de ce qui a déjà été dit puisque :
- le clonage reproductif imposerait au sujet cloné un patrimoine génétique déjà fixé;
- le clonage thérapeutique aggraverait encore la situation en ajoutant la destruction d'un être humain (réel ou probable): le bébé cloné.
C: il faut interdire les tentatives d'hybridation, qui sont d'évidentes offenses à la dignité de l'homme par le mélange des éléments génétiques humains à ceux d'animaux, ruinant ainsi l'identité spécifique de l'homme.
D: il faut interdire l'utilisation du "matériel biologique" humain d'origine illicite, même si l'action illicite a été réalisée par des revendeurs ou des donneurs.
E: l'ingénierie thérapeutique enfin nécessite un distinguo car elle ne tombe pas sous le coup d'une condamnation absolue.
Il faut savoir que la thérapie génique concerne, par définition, des maladies héréditaires. Par extension on l'utilise pour des maladies non héréditaires, comme le cancer. Il s'agit de tenter de réduire ou d'éliminer des défauts génétiques.
a: il faut encourager la thérapie génique si l'action ciblée vise des secteurs déterminés de cellules avec des effets limités au seul individu traité.
b: mais il faut interdire la variante de cette thérapie génique: celle faite non plus sur un adulte, mais sur un embryon, puisque cette variante ne peut être réalisée que dans le cadre des techniques de la FIV (Fécondation In Vitro)...qui soulève les objections éthiques qui seront étudiées au forum citoyen de Rennes (voir la synthèse ci-dessous)
c: il faut interdire, mais cela tombe sous le sens, la thérapie génique si l'action ciblée vise les cellules germinales. Les effets obtenus sur le malade pouvant se transmettre dans ce cas à son éventuelle descendance, on se trouve face à des risques pouvant entraîner des répercussions sur la progéniture, ce qui est inacceptable.
4°/ le DPI (Diagnostic Pré Implantatoire) et le DPN (Diagnostic Pré Natal) renvoient aux problèmes liés à l'AMP (Aide Médicale à la Procréation) qui seront étudiés par le forum citoyen de Rennes, le 11 juin mais dont le référendum sur la bioéthique apporte déjà des éléments de réponses (voir la synthèse ci-dessous).
Synthèse des premières réponses relatives à l'A.M.P
(utiles pour le forum du 9 juin à Marseille et thème du forum de Rennes le 11)
1°/ Il faut encourager les techniques d'aide au traitement de l'infertilité quand elles respectent: a) le droit à la vie et à l'intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu'à la mort naturelle; b) l'unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l'un à travers l'autre; c) les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité, qui exigent que la procréation d'une personne humaine doit être poursuivie comme le fruit de l'acte conjugal spécifique de l'amour des époux.
Le traitement hormonal de l'infertilité d'origine gonadique, le traitement chirurgical de l'endométriose, la désobstruction des trompes ou la restauration microchirurgicale de leur perméabilité sont donc licites. Ce sont de vraies thérapies qui ne remplacent pas l'acte conjugal, qui reste la seule technique digne d'une création responsable.
2°/ Il faut exclure toutes les techniques de fécondation hétérologue et celles de fécondation homologue qui se substituent à l'acte conjugal: fécondation in vitro (FIV), avec sa destruction délibérée d'embryons, injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI), variante de la FIV puisque opérée en dehors du corps des conjoints par l'action de tierces personnes.
3°/ Il faut interdire la congélation des ovocytes, puisque cela n'a pour but que la FIV
4°/ Il faut interdire la congélation des embryons et obtenir un moratoire à ce sujet.
5°/ Il faut encourager la prévention de la stérilité (promouvoir une vie saine et éliminer les facteurs de risques professionnels, alimentaires, pharmacologiques et écologiques)
6°/ Il faut encourager l'adoption par des mesures législatives appropriées.
7°/ Il faut interdire le DPI puisqu'il ne sert qu'à réaliser des FIV...en éliminant les embryons ne correspondant pas aux critères retenus.
8°/ Le DPN est à encadrer pour confirmer des diagnostics permettant des traitements ou des opérations prénatales, en interdisant l'usage du DPN à des fins eugénistes, comme pour le DPI.
9°/ sont à proscrire enfin les nouvelles formes de contraception: interception et contragestion, puisqu'elles sont abortives (avant la nidification ou après).