Extraits de la catéchèse de pape Benoît XVI, hier, sur Raban Maur, auteur notamment du Veni Creator Spiritus.
Cette méthode d'allier tous les arts, l'esprit, le cœur et les sens, qui provenait de l'Orient, devait recevoir un immense développement en Occident, en atteignant des sommets jamais atteints dans les codex enluminés de la Bible, ainsi que dans d'autres œuvres de foi et d'art qui fleurirent en Europe avant l'invention de l'imprimerie et même après. Celle-ci révèle en tout cas chez Raban Maur une conscience extraordinaire de la nécessité de faire participer dans l'expérience de la foi, non seulement l'esprit et le cœur, mais également les sens à travers les autres aspects du goût esthétique et de la sensibilité humaine qui conduisent l'homme à jouir de la vérité de toute leur personne, « esprit, âme et corps ». Cela est important : la foi n'est pas seulement pensée, mais elle touche tout notre être. Etant donné que Dieu s'est fait homme en chair et en os, qu'il est entré dans le monde sensible, nous devons, dans toutes les dimensions de notre être, chercher et rencontrer Dieu. Ainsi, la réalité de Dieu, à travers la foi, pénètre dans notre être et le transforme. Pour cela, Raban Maur a concentré son attention en particulier sur la liturgie, comme synthèse de toutes les dimensions de notre perception de la réalité. Cette intuition de Raban Maur le rend extraordinairement actuel. (...)
Je voudrais conclure la présentation de ce grand homme d'Eglise en citant certaines de ses paroles dans lesquelles se reflète bien sa conviction fondamentale : « Celui qui est négligent dans la contemplation (« qui vacare Deo negligit» ) se prive lui-même de la vision de la lumière de Dieu ; celui qui se laisse prendre de façon indiscrète par les préoccupations et permet à ses pensées d'être emportées par le tourbillon des choses terrestres se condamne lui-même à l'impossibilité absolue de pénétrer les secrets du Dieu invisible » (Lib. I, pl 112, col 1263a). Je pense que Raban Maur nous adresse ces paroles également à nous aujourd'hui : dans les heures de travail, avec ses rythmes frénétiques, et dans les temps de loisirs, nous devons réserver des moments à Dieu. Lui ouvrir notre vie en lui adressant une pensée, une réflexion, une brève prière, et surtout, nous ne devons pas oublier le dimanche comme jour du Seigneur, le jour de la liturgie, pour percevoir dans la beauté de nos églises, de la musique sacrée et de la Parole de Dieu la beauté même de Dieu, le laissant entrer dans notre être. Ce n'est qu'ainsi que notre vie peut devenir grande, devenir une véritable vie.