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Victoire des “nationalistes” (turcs) aux législatives à Chypre-Nord

NICOSIE (Reuters) - Les élections législatives en République turque de Chypre du Nord (RTCN) ont vu la victoire dimanche des nationalistes, un résultat qui pourrait compliquer le processus de paix avec les Chypriotes grecs.

Après dépouillement de l'intégralité des bulletins de vote, le Parti de l'union nationale (UBP, opposition de droite) arrive en tête avec 44,06% des suffrages, ce qui lui confère une confortable majorité au parlement de 50 sièges.

Le Parti turc républicain (CTP, centre gauche) du président chypriote turc Mehmet Ali Talat subit une cinglante défaite en ne recueillant que 29,25% des suffrages.

L'UBP préconise une solution à deux Etats, à l'opposé du modèle fédéral discuté actuellement par Talat et son homologue chypriote grec, le président Demetris Christofias.

Ce scrutin en République turque de Chypre du Nord, que la Turquie est seule à reconnaître, intervient au moment où des pressions s'accentuent sur les deux parties pour qu'elles parviennent à un accord dans le cadre des pourparlers de réunification soutenus par l'Onu.

Chypre est divisée depuis l'invasion turque suscitée en 1974 par un bref coup d'Etat inspiré par la Grèce.

Ce conflit fait obstacle aux espoirs d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Pour le moment, l'île n'est représentée dans l'UE que par les Chypriotes grecs, résolus à empêcher l'admission de la Turquie tant que Chypre est divisée.

Le résultat des élections risque de compromettre les pourparlers de réunification déjà difficiles.

La position de Talat à la tête de la République autoproclamée n'en sera pas affectée, mais la victoire de l'UBP réduit sa marge de manoeuvre aux pourparlers de paix.

Talat et Christofias négocient une réunification de Chypre sous la forme d'une fédération de deux régions à base ethnique. Des diplomates jugent possible que ce soit leur dernière chance.

L'UBP assure qu'il s'efforcera de ne pas compromettre le processus de paix, mais il n'approuve ni le principe d'une fédération à deux zones, ni celui d'un ensemble bicommunautaire.

"Nous voulons une solution équitable et réaliste, fondée sur deux Etats et deux peuples", a déclaré avant le scrutin un porte-parole de l'UBP en demandant à garder l'anonymat. "Nous ne chercherons pas à marginaliser Talat, ni à ignorer ce qu'il a fait jusqu'ici. Nous ne voulons pas tout effacer."

"Nous continuerons à soutenir les négociations", a renchéri le leader de l'UBP, Dervis Eroglu. "Personne ne peut dire que nous sommes contre le processus de négociations. Nous avancerons nos vues et en discuterons dans le cadre de la politique étrangère turque sur Chypre."

Les pourparlers portent sur des questions aussi complexes que les droits des réfugiés ou le partage du pouvoir. Tout accord serait soumis à un référendum public.

En 2004, les Chypriotes grecs avaient rejeté par référendum un plan de réunification élaboré par l'Onu, mais les Chypriotes turcs l'avaient approuvé."Un gouvernement (du nord de Chypre) qui chercherait à saboter les pourparlers nuirait aussi au processus d'adhésion de la Turquie à l'UE", a prévenu Talat dans les colonnes du quotidien chypriote turc "Havadis".

D'après les instituts de sondage, l'isolement économique du Nord était le principal sujet de préoccupation des 200.000 Chypriotes turcs en âge de voter, plutôt que les pourparlers de paix. Le chômage des jeunes, estimé à 24%, propage des sentiments de frustration.

Les diplomates souhaitent un accord sur Chypre dans un délai rapide, du moins avant l'expiration du mandat de Talat en 2010, et un bilan des pourparlers d'adhésion de la Turquie à l'UE d'ici à la fin de l'année.
Avec Michele Kambas, version française Philippe Bas-Rabérin et Clément Dossin

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