Le dimanche après l’Epiphanie est la fête de la Sainte Famille Il en est du moins ainsi depuis que Léon XIII l’a concédée à certains diocèses en 1893, et que Benoît XV l’a étendue « à l’Eglise universelle » en 1921. Mais les bénédictins ne l’ont jamais adoptée. Et elle serait impensable dans un calendrier oriental.
J’avoue que cette fête n’est pas ma tasse de thé. Elle fleure trop son XIXe siècle finissant et ses affreuses images dites pieuses censées faire s’attendrir devant Joseph qui travaille, Marie qui fait le ménage et le petit Jésus qui est si gentil…
Mais on a conservé l’évangile du premier dimanche après l’Epiphanie, celui où Jésus, à 12 ans, reste dans le Temple après la fête, tandis que ses parents retournent à Nazareth. Et quand ceux-ci, angoissés, le retrouvent au bout de trois jours, il leur répond très durement : « Pourquoi me cherchez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? »
Même si ensuite « il leur était soumis », cet épisode montre qu’il est venu pour autre chose que pour chanter la famille naturelle, comme on le voit aussi dans cet autre épisode où on l’informe que sa mère et ses frères veulent le voir. « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. »
D’un autre côté on peut comprendre, assurément, que l’Eglise ait souhaité défendre la famille alors que commençait l’offensive contre cette institution. Et il est incontestable que la réponse de l’Eglise est plus que jamais d’actualité.
Sans doute est-ce pour cela que la néo-liturgie a conservé la fête de la Sainte Famille (en la plaçant au dimanche après Noël). Mais, deux années sur trois (c’était le cas cette année), au nom de la diversité des textes, elle supprime le paradoxe de l’évangile, cette tension entre la défense de la famille et la réponse abrupte de Jésus, qui permet de définir les différents niveaux de la doctrine.